BEILIN-LEWKOW David, Berthe, Lydia, Eugénie (NR)

Lydia BEILIN-LEWKOW 1929 [ADLA 4M 637]
Lydia BEILIN-LEWKOW 1935 [ADLA 2101W575]
Lydia BEILIN-LEWKOW 1938 [ADLA 2101W575]
Lydia BEILIN-LEWKOW (sans date, après 1938) [ADLA 2101W575]

La famille BEILIN-LEWKOW a un lien de parenté avec la famille de Nathan BEILIN du Pouliguen mais nous ignorons lequel. Lydia BEILIN-LEWKOW et sa soeur Eugénie rendent visite à Nathan BEILIN dans sa villa (la villa La Clarté sur la Grande Côte) en 1929 et est réfugiée par ailleurs au Pouliguen en septembre 1939.

Lydia BEILIN-LEWKOW est née le 10 décembre 1906 à Saint-Pétersbourg (Russie) [Père : David BEILIN-LEWKOW né le 6 février 1879 à Balta (Russie) [Père : Abraham et Mère : Sarah LIBERMAN] et Mère : Berthe HALPERINE née le 20 novembre 1887 à Balta (Russie) [Père : Cholom HALPERINE et Mère : Ethel MARGULES]. Lydia a une soeur, Eugénie, née le 1er août 1910 à Saint-Pétersbourg (Russie). La famille a pour nationalité réfugiée d’origine russe.

Eugénie BEILIN-LEWKOW 1929 [ADLA 4M637]

La famille réside au moins depuis 1929 toujours à la même adresse au 49, rue Chardon-Lagache dans le 16ème arrondissement à Paris, quartier d’Auteuil.

Recensement 1936 [Archives Municipales de Paris D2M8642]

En 1935, Eugénie n’habite plus avec ses parents mais réside dans le 16ème arrondissement à Paris, 25, rue de Rémusat.

En 1936, David exerce la profession de négociant.

Lydia et sa mère Ida Sont réfugiées à compter du 7 septembre 1939 au moins jusqu’au 8 juillet 1940 au Pouliguen, rue de la Gare, Villa Les Iris. Elle y font une demande de renouvellement de carte d’identité pour étranger.

Dossier d’étranger de Lydia BEILIN-LEWKOW [ADLA 2101W575]
Villa Les Iris, rue de la Gare, Le Pouliguen

Suite aux persécutions à partir de l’été 1940, David, Berthe et Lydia quittent leur domicile pour habiter 31-33 rue Le Marois dans le 16ème arrondissement à Paris. En mars 1941, vraisemblablement pour migrer aux Etats-Unis, ils effectuent une demande de justificatif de naissance auprès de L’Office des Réfugiés Russes à fournir auprès du Consulat des Etats-Unis.

Lydia est arrêtée au domicile de ses parents du 33 rue Le Marois (16ème arrondissement, Paris) lors de la rafle dite du Vélodrome d’Hiver le 16 juillet 1942 mais en est libérée le 17 juillet 1942 (raison inconnue).

David, Berthe et Lydia passent la ligne démarcation et se réfugient dans le Tarn-et-Garonne dans le village de Saint-Antonin rue de l’hôpital où ils logent chez les MAGENUS dans un appartement.

Berthe et Lydia sont arrêtées par la « Gestapo » à leur domicile le 14 juin 1943, David étant momentanément absent. Le maire de la commune, le docteur Bennet, en novembre 1944 décrit les circonstances de l’arrestation. Il précise : « Le même jour, l’appartement a été complètement pillé par la Gestapo, qui a emporté argent, valeurs, bijoux, fourrures, vêtements et linge, literie ainsi que tous les papiers de famille et de commerce. Ce qui a pu rester a fait l’objet d’un dernier prélèvement du Commissaire aux Affaires Juives, (en conséquence Monsieur BEILIN est resté sans ressources avec seulement la petite somme qu’il avait sur lui et dénué de tout vêtement. Il a échappé à la Gestapo par une absence momentanée et ensuite par le soin qu’ont pris de l’avertir [Manque des mots dans la phrase].« 

Dossier de Lydia BEILIN-LEWKOW [DAVCC 21 P 422872]

Le même jour, 8 autres personnes d’origine étrangère et de confession israélite sont arrêtées dans la commune.

Dossier de Lydia BEILIN-LEWKOW [DAVCC 21 P 422872]

Berthe et Lydia restent à Saint-Antonin du 14 au 16 juin 1943 puis sont transférées à Toulouse où elles restent jusqu’au 24 juin 1943, date de leur transfert puis internement à Drancy.

Elles sont toutes les deux déportées par le même convoi, le numéro 57 du 18 juillet 1943 vers Auschwitz-Birkenau. En l’absence d’information, elles ont été déclarées décédées 5 jours après l’arrivée du convoi soit le 23 juillet 1943, les actes de décès ayant été établis en 2011.

Un certificat d’internement sera remis à l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) de Montauban le 26 janvier 1945.

Dans les années 50, David entreprend les démarches pour l’obtention du statut de déporté politique pour sa femme et sa fille.

Eugénie décède à Vincennes le 6 août 1996.

NAIGARTEN Faiga (NR)

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Faiga NAIGARTEN [ADLA 2101W682]

Faiga NAIGARTEN née SZEER est réfugiée au Pouliguen en avril 1940 jusqu’à l’hiver 1940, date à laquelle elle rejoint son domicile parisien.

Faiga est née le 15 juin 1905 à Włocławek (Pologne) et arrive aux alentours du mois d’avril 1940 où elle effectue une demande de renouvellement de carte d’identité pour étranger. Dans l’attente de sa carte, on lui délivre un récépisssé sur le lequel la mention Juive sera apposée. Elle réside au Pouliguen, avenue de Bel-Air, Villa Siroma.

Elle quitte Le Pouliguen le 21 août 1940 pour rejoindre Paris au 3, place Gambetta dans le 20ème arrondissement pour rejoindre (ou avec) son mari David né le 02 mars 1903 à Kalisz de profession tailleur et qui travaille dans la maison Misrahi dans le 2ème arrondissement.

Le couple qui n’a pas d’enfant ne sera pas déporté et sera naturalisé en 1948.

BEHAR [Mardochée, Victoria, Isidore, Albert, Léa] [NR]

Victoria, Mardochée et ? BEHAR collection particulière
Victoria, Mardochée et ? BEHAR collection particulière
A gauche Victoria BEHAR, 3ème et 4ème à droite : Mardoché et Léa BEHAR [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
A gauche Victoria BEHAR, 3ème et 4ème à droite : Mardochée et Léa BEHAR [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]

Mardochée dit Marcel BEHAR est né le 18 mai 1889 à Jérusalem [Père : Nissim BEHAR et Mère : Léa ELIEZER] et est marié avec Victoria FUENTES née le 15 décembre 1897 à Constantinople (Turquie) [Père : Nissim FUENTES et Mère : Léa YANNI]. Le couple a trois enfants : Isidore né le 01 juillet 1920 à Marseille (il sera reconnu lors du mariage de Mardochée et Victoria le 03 avril 1924 à Paris (11ème arrondissement), Albert le 30 septembre 1922 à Maubeuge et Léa née le 01 juillet 1927 à Maubeuge.

Acte de naissance d'Isidore BEHAR [Archives Municipales de Marseille]
Acte de naissance d’Isidore BEHAR [Archives Municipales de Marseille]
 Acte de naissance de Léa BEHAR [Archives Municipales de Marseille]
Acte de naissance de Léa BEHAR [Archives Municipales de Marseille]

Mardochée BEHAR et son épouse ont été naturalisés français (dossier n°34402X36) par décret du 01 octobre 1937 alors qu’ils étaient domiciliés à Maubeuge 52, rue de l’Esplanade.

[DAVCC 21 P 422 822]
[DAVCC 21 P 422 822]

La famille BEHAR est réfugiée du Nord de la France (source : « Mémorial des Victimes de la Persécution Allemande en Loire-Inférieure 1940-1945 » – Jean-Pierre SAUVAGE et Xavier TROCHU – Archives Municipales de Nantes) de Maubeuge en 1940 et se rend à Mers-les-Bains (Somme) au 13, rue Nationale.

La famille a une relation particulière avec Le Pouliguen puisqu’elle y avait déjà séjourné déjà avant-guerre pour des raisons médicales liées à Victoria . La famille n’est pas recensée en Loire-Inférieure.

Mardochée BEHAR est arrêté le 04 janvier 1944 avec son épouse Victoria et leur fille Léa. Les circonstances de l’arrestation sont racontées dans 3 témoignages recueillis en 1962 par des gendarmes auprès d’Etienne CHANTRELLE, ancien maire de Mers-les-Bains, de Suzanne POUILLY, employée de mairie et Berthe BEHAR, commerçante.

Elle est emmenée sur Abbeville puis transférée au camp de Drancy le 06 janvier 1944.

Fiches du camp de Drancy [Archives Nationales F9/]

La famille BEHAR sera déportée par le convoi numéro 66 au départ de Drancy vers Auschwitz le 20 janvier 1944 et sera déclaré décédé à Auschwitz le 25 janvier 1944.

Liste convoi 66 [CDJC, Mémorial de la Shoah, Paris]
Liste convoi 66 [CDJC, Mémorial de la Shoah, Paris]

Différentes feuilles de témoignage seront déposées sur le site de Yad Vashem en mémoire de la famille.

Feuille de témoignage Yad Vashem [en ligne]
Feuille de témoignage Yad Vashem [en ligne]

Les deux frères de Léa, Albert et Isidore ne sont pas arrêtés. Isidore est déjà marié avec Honorata OLEK née le 20 octobre 1919 à Czekowice (Pologne) mariage célébré à Maubeuge (Nord) le 24 avril 1937. Honorata est également arrêtée puis internée à Drancy à partir du 06 janvier 1944 avec sa fille Victoria Suzanne dite Tinouka née en 1937. Elles seront toutes deux libérées le 31 janvier 1944.

Cahier de mutations DRANCY 21janvier1944-11Août1944 [AN F9/5785]
Carnet de fouilles Drancy [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
Carnet de fouilles Drancy [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]

Témoignage oral d’ Y. née BEHAR

Honorata et Victoria (Tinouka) vont être arrêtées et transférées à Drancy et y rester pendant quatre mois. Honorata est d’origine polonaise et catholique. Elle est arrêtée par erreur. Elle m’a juste dit que les conditions là-bas étaient miséreuses.

Honorata (et sa fille Victoria dit Tinouka) sont enregistrés à Drancy sous le numéro 11005.

« En 1943, la Gestapo vient arrêter mon oncle Albert à Mers-les-Bains mais il est parti à la pêche. A la place, il arrête Isidore qui va partir en Allemagne faire le STO. Ils ne m’ont jamais rien raconté et ils n’ont jamais voulu en parler et je n’ai que peu de souvenirs.

« Tout ce que je sais, c’est qu’après la guerre, tout le monde arrive au Pouliguen parce que Victoria (Tinouka) est malade et on nous conseille d’aller habiter au bord de la mer au Pouliguen. Nous, on connaissait rien au Pouliguen. Isidore était tout le contraire de son frère Albert, très discret. On a habité Villa Le Lotus au Pouliguen pendant longtemps [Rue du Moulin]. On était locataires mais on a changé plusieurs fois de maisons.

Isidore exerçait la profession de marchand de tissus sur les marchés mais il ne faisait pas de linge, c’était son frère (Albert) qui faisait le linge. C’était un landier. Il vendait au baratin. Il faisait le marché du Pouliguen, de Pornichet, du Croisic… « .

Victoria dite Tinouka BEHAR se mariera au Pouliguen en 1958.

Les deux frères, Albert et Isidore viendront donc après-guerre s’installer au Pouliguen. Albert aidé de Maître ALLARD, ancien notaire, effectuera auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre les démarches sur l’état-civil de sa soeur et de ses parents et obtiendra les cartes de déportés politiques. Il résidait Villa Le Lotus, 36 rue du Moulin au Pouliguen.

LEVY Joseph, Renée [95]

Joseph LEVY s’est fait recenser entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940 en tant que Juif sous le numéro 095 auprès de la sous-préfecture de Saint-Nazaire. Il exerçait la profession de marchand forain en bonneterie sur les marchés du Pouliguen et de La Turballe depuis mars 1939, profession qu’il lui sera interdite d’exercer (à compter du 1er juillet 1941, interdiction à un juif d’être voyageur de commerce, marchand ambulant, vendeur de billets de la Loterie Nationale, etc..).

Liste dactylographiée du recensement [ADLA 1694W25]

Joseph LEVY est né à Ixelles (Belgique) le 06 octobre 1910 [Père : David LEVY, négociant née à Constantinople et Mère : Marie-Jeanne COLLEYE]. Il est marié avec Renée [Père : Théophile LEVY et Mère : LEBRAS Marie-Louise] née le 17 juin 1914 à Saint-Nazaire. Les grands-parents paternels de Joseph sont Juifs mais ses grands parents-maternels ne le sont pas. Il a donc moins de trois grands-parents juifs et il sera rayé de la liste de recensement le 15 avril 1942 et échappera à la déportation.

source : https://search.arch.be/fr/rechercher-des-archives/resultats/inventaris/rabscan/eadid/BE-A0541_006757_006696_DUT/inventarisnr/IRS-13-029886436/level/file/scan-index/6/foto/541_9999_999_2359031_000_0_0006

Le père de Joseph, Nissim David, de profession de courtier en bijouterie en 1927 puis brocanteur en 1927 au moment de sa demande de naturalisation, est arrivé en France le 24 août 1919, Joseph ayant alors 9 ans. Joseph a par ailleurs 4 frères et soeurs. En 1924, Nissim effectue une demande d’admission à domicile, un préalable à la naturalisation pour laquelle il dépose une demande en 1927 qui lui sera accordée. Sa naturalisation fera l’objet d’une enquête de la part de la commission de dénaturalisation en octobre 1943 qui ne donnera pas suite. Joseph est donc français par naturalisation de son père. Nissim David, le père de Joseph décède à l’âge de 46 ans à l’hôpital de Saint-Nazaire le 26 juillet 1930.

Table Alphabétique des Décès de l’Enregistrement [ADLA 3Q27/37]

Ses deux frères résidant à Libourne ne sont pas déclarés comme juifs et de ce fait une demande d’enquête est demandée pour savoir si Joseph LEVY, lui, s’est bien déclaré.
S’il est vrai qu’il s’est bien déclaré comme tel, il ne l’est pas eu égard au statut des juifs du 03 octobre 1940 et du 02 juin 1941.

ADLA 1694W23

Un courrier de la sous-préfecture au préfet de Nantes du 11 janvier 1941 précise la situation de Joseph LEVY. Il sera rayé de la liste de recensement le 15 avril 1942 et échappera à la déportation.

Son épouse Renée est incarcérée à la prison Lafayette par jugement du Tribunal de guerre de Nantes du 1er septembre 1942 à quatre mois de prison du 24 août au 24 décembre 1942. elle est libérée de la prison le 16 décembre 1942. Le motif d’incarcération n’est pas précisé. le couple réside alors Villa Ker Michel à La Baule.

Registre Ecrou Passagers Prison Nantes [ADLA 1305W54]

Il continuera d’exercer sa profession jusqu’en 1958 en presqu’île.

Registre du Commerce

Contrôle de statut des Juifs [ADLA 1694W21]

WOLFF Roger [24]

Roger WOLFF est né le 26 février 1922 à Strasbourg. Célibataire, il est arrivé au Pouliguen en mai 1940.

En mai 1940, il trouve un logement rue Jean-Jacques dans la villa Ty-Men au rez-de-chaussée droit de la maison et va y rester deux mois et demi. Par la suite, il va habiter avec la famille CARON dans la villa Paulette rue de Verdun. Clotilde WOLFF est la soeur d’Henri CARON et il est possible que Pierre soit son neveu.

Logements vacants pour réfugiés [Archives Municipales du Pouliguen, H6]

Entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940, il est recensé en tant que Juif sous le numéro 24 (juste après la famille CARON) auprès de la sous-préfecture de Saint-Nazaire ou de la mairie du Pouliguen. Roger est célibataire et exerce la profession de charcutier.

Le 24 juin 1941, la préfecture demande un rapport aux Administrateurs Provisoires pour connaître l’état d’avancement de l’aryanisation des biens. Monsieur WOLFF s’étant déclaré comme charcutier, les autorités françaises supposent qu’il tient un commerce et demande une enquête à ce sujet.

Il n’a en fait jamais tenu de commerce et le courrier de la sous-préfecture prouve l’extrême vigilance apportée par l’administration dans le processus d’aryanisation des commerces.

Roger WOLFF quitte Le Pouliguen au début du moi de mai 1941 pour se rendre à Gérardmer, 107, Grande-Rue. Il n’a à priori pas été déporté.

Un descendant de la famille WOLFF (Pierre WOLFF 1925-2013) témoignera via Yad Vashem sur le sort de la famille CARON (déportée et exterminée en juillet 1942).

Témoignage du Ministère des Affaires Etrangères du San Salvador à Pierre WOLFF

Courrier Sous-Préfet/Préfet 25 juillet 1941 [ADLA 1694W25]
Courrier Sous-Préfet/Préfet 25 juillet 1941 [ADLA 1694W25]

LEVY Henri (NR)

Henry LEVY 1939 [ADLA 2101W659]

Henri (ou Henry) LEVY est né le 8 mai 1885 à Minsk (Russie) [Père : Samuel et Mère : Sara BLOTTE] et exerce la profession d’artisan cordonnier. Il est présent sur la commune du Pouliguen à compter du 15 juillet 1940 et habite sur la Grande Côte près de la Tour Rochereau . Dressée initialement à Angers par un industriel Louis-René ROCHEREAU lors d’une grande exposition en 1895, elle réapparaît dans une version moins haute le 31 juillet 1897 et est inaugurée le 05 septembre de la même année. Autour de la structure métallique se trouvent, un café-restaurant-dancing tenu par Monsieur BOUET jusqu’en 1939 mais également quelques villas. C’est probablement dans une de ces villas (ou éventuelle pension de famille) que loge Henri LEVY.

 La tour Rochereau au Pouliguen. Carte postale, vers 1920. Coll. part.
La tour Rochereau au Pouliguen. Carte postale, vers 1920. Coll. part.
 La tour Rochereau au Pouliguen. Carte postale, vers 1920. Coll. part.
La Tour Rochereau au Pouliguen. Carte postale, vers 1920. Coll. part.

Henri loge habituellement à Paris au 15, rue Francis de Pressensé dans le 14ème arrondissement. En 1931, Léontine CHAMBON née le 30 octobre 1891 à Chantonnay (Vendée) de profession confectionneuse et son fils Maurice né le 16 décembre 1912 à Paris (14ème arrondissement) travaillant dans le chauffage central habitent également avec lui. En 1936, Maurice a quitté le logement et Léontine et Henri vivent ensemble. Léontine est veuve de son mari décédé pendant la guerre de 1914-1918, en 1916.

Alors que les Juifs sont soumis à l’obligation de se faire recenser entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940 auprès de la sous-préfecture de Saint-Nazaire ou commissariats environnants, il n’apparaît sur aucune liste. L’inscription Juif est notée sur sa carte de commerçant qu’il rend lorsqu’il la renouvelle au Pouliguen en mai 1942.

[ADLA 2101W659]

Conformément à l’ordonnance allemande du 13 août 1941, il va rendre son poste de TSF le 17 septembre 1941.

Confiscation des poste de TSF [ADLA 1694W24]

Il effectue une demande de renouvellement de carte d’identité d’étranger le 08 mai 1942 auprès de la mairie du Pouliguen.

Carnet à souches des demandes de cartes d'identité [Archives Municipales du Pouliguen J7]
Carnet à souches des demandes de cartes d’identité [Archives Municipales du Pouliguen J7]

Le 25 août 1942, sa nouvelle carte d’identité est prête, envoyée à la mairie du Pouliguen pour être transmise à l’intéressé. Le 31 août 1942, l’adjoint au Maire répond à la Préfecture : « Monsieur Levy Henry a été arrêté le 15 juillet 1942 et dirigé vers une destination inconnue par les services de police allemande (ss) avec les autres israélites de la commune. Ci-joint, en retour, la carte non remise »

Il est transféré sur Nantes puis Angers au Grand Séminaire. Il est déporté par le convoi numéro 8 d’Angers à Auschwitz du 20 juillet 1942 et est décédé à l’âge de 57 ans.

Liste des arrestations [ADLA 1694W25]
Liste des arrestations [ADLA 1694W25]
Liste convoi numéro 8 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
Liste convoi numéro 8 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]

SPRINGER Isaac, Marie-Anne, Charlotte (NR)

Isaac SPRINGER 1939 [ADLA 4M922]
Isaac SPRINGER 1939 [ADLA 4M922]
Charlotte SPRINGER [ADLA 4M922]
Charlotte SPRINGER [ADLA 4M922]

Issac et son épouse Marie-Anne sont réfugiés au Pouliguen accompagnés de la mère d’Isaac Charlotte.

Isaac ou Izak est né à Cracovie le 28 octobre 1893 [Père : Abraham SPRINGER et Mère : Szyfra POSS] et est marié avec Marie-Anne JOVE (Jové) [Père : Raymond Emmanuel JOVE et Mère : Françoise Jeanne DELSOUC]. La mère d’Isaac, Szyfra (prénom usuel Charlotte) née POSS est née le 24 avril 1856 à Cracovie. Le couple qui est marié depuis le 08 novembre 1934 à Paris (18ème arrondissement) habite au 3, rue du Général Grossetti à Paris dans le 16ème arrondissement tandis que Charlotte habite au 4, rue Fléchier dans le 4ème arrondissement. Certainement au décès de son mari Abraham, Charlotte déménage chez son fils Isaac qui exerce la profession de brocanteur en bijoux ou courtier en bijoux.

[DAVCC 21 P 540 562]
[DAVCC 21 P 540 562]
Recensement 1936 Auteuil [Archives de Paris D2M8_643]
Recensement 1936 Auteuil [Archives de Paris D2M8_643]
Recensement 1936 [Archives de Paris D2M8_578]
Recensement 1936 [Archives de Paris D2M8_578]

Isaac, Marie-Anne et Charlotte arrivent au Pouliguen à l’automne 1939 pour repartir sur Paris pour Isaac et Marie-Anne deux mois après en décembre 1939 et pour Charlotte le 10 décembre 1940. Ils résident alors au Pouliguen Rue Jean-Jacques Villa « Mad Léa » puis avenue de l’Océan Villa « Pi-Do ».

Isaac SPRINGER est arrêté à son domicile de la Rue du Général Grossetti sur dénonciation par la police française le 03 février 1944 (Il y était caché), la concierge de l’immeuble Ernestine LANDELLE témoignant de l’arrestation puis interné à Drancy le 04 février 1944.

Carnet de fouilles Isaac SPRINGER [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
Carnet de fouilles Isaac SPRINGER [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]

Il est déporté par le convoi numéro 70 de Drancy à Auschwitz le 27 mars 1944 et a été exterminé à Auschwitz à l’âge de 50 ans. Ni son épouse, ni sa mère n’ont été déportées.

liste convoi 70 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
liste convoi 70 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]

Son épouse Marie-Anne JOVE s’occupera des formalités administratives après-guerre auprès du ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Dossier d’étranger d’Isaac SPRINGER [ADLA 4M922]

Dossier d’étranger de Charlotte SPRINGER [ADLA 4M922]

ENRIQUEZ SARANO Jacob, Léa (NR)

Jacob ENRIQUEZ SARANO 1939 [ADLA 4M935]
Jacob ENRIQUEZ SARANO 1939 [ADLA 4M935]
 Léa ENRIQUEZ-SARANO 1939 [ADLA 4M935]
Léa ENRIQUEZ SARANO 1939 [ADLA 4M935]

Léa, célibataire, et son père Jacob ENRIQUEZ SARANO sont réfugiés au Pouliguen arrivant de Paris où ils résident au 20, rue des Envierges dans le 20ème arrondissement. Léa s’occupe de son père âgé et exerce la profession de vendeuse au 7, place de la République (Paris, 3ème arrondissement).

Recensement 1936 Belleville [Archives de Paris, 2M8_695]
Recensement 1936 Belleville [Archives de Paris, 2M8_695]

Ils résident au Pouliguen Villa Petit Courlis près du bois du Pouliguen depuis au moins octobre 1939 jusqu’au 20 août 1940, date à laquelle ils rejoignent leur domicile parisien. A priori, ni Jacob né le 14 juin 1859 à Smyrne, veuf, ni Léa, sa fille, née le 28 avril 1897 à Smyrne, célibataire n’ont été déportés.

Dossier d’étranger de Jacob ENRIQUEZ-SARANO [ADLA 4M935]

Dossier d’étranger de Léa ENRIQUEZ-SARANO [ADLA 4M935]

LISSIANSKY Abraham, Sarah (NR)

Abraham et Sarah LISSIANSKY sont réfugiés au Pouliguen à l’automne 1939 qu’ils quittent peu de temps après arrivant de la commune du Raincy (Seine-et-Oise).

Recensement 1936 LeRaincy [Archives Départementales du Val d'Oise, RAINC139]
Recensement 1936 LeRaincy [Archives Départementales du Val d’Oise, RAINC139]

Ils sont accompagnés au moins par l’un de leurs enfants : Broucha KAUFMANN. Ils résident Rue Jean-Jacques Villa Ker Marie-Alice au Pouliguen. Ils ne sont à priori pas déportés.

Dossier d’étranger d’Abraham LISSIANSKY [ADLA 4M941]

Dossier d’étranger de Sarah LISSANSKY [ADLA 4M941]

MICHEL-CAHEN Félix, Suzanne, Martine [149]

Félix MICHEL-CAHEN est né à Paris le 30 mai 1892 à Paris (8ème arrondissement) [Père : CAHEN Achille Michel, négociant et Mère : Lucie CAHEN]. En 1909, Achille CAHEN est autorisé à changer son nom de famille de CAHEN en MICHEL-CAHEN. Il est marié depuis le 21 octobre 1930 (Paris, 9ème arrondissement) avec Suzanne Jeanne Marie HUGREL née le 05 décembre 1896 à Paris (9ème arrondissement) [Père : Honoré HUGREL et Mère : Louise CLOUX de la COUDRE]. Félix au moment de son mariage exerce la profession de négociant tandis que Suzanne exerce la profession de libraire. Le couple a un enfant : Martine Eliane née le 31 décembre 1930 à Paris (9ème arrondissement).

Actes de naissance de Félix CAHEN et Suzanne HUGREL, acte de mariage du couple et acte de naissance de Martine MICHEL-CAHEN[Archives Municipales de la Ville de Paris, en ligne]

Bulletin de mariage Félix et Suzanne MICHEL-CAHEN [DAVCC 21 P 516 421]
Bulletin de mariage Félix et Suzanne MICHEL-CAHEN [DAVCC 21 P 516 421]

Félix MICHEL-CAHEN est incorporé pour effectuer son service militaire de deux ans le 09 octobre 1913 au 166ème Régiment d’Infanterie et à la déclaration de guerre le 03 août 1914 est incorporé au 151ème Régiment d’Infanterie. Il est fait prisonnier de guerre à Pierrepont (Meurthe-et-Moselle) le 22 août 1914 et est incarcéré dans un camp de prisonniers en Allemagne, le camp de Grolenvoohr (?). Il doit vraisemblablement s’agir du camp de Grafenwohr situé en Bavière [En 1915, il compte 10450 soldats français prisonniers]. Il est rapatrié sanitaire d’Allemagne vers Lyon le 04 mai 1918. Il sera affecté dans différents sections d’Infirmiers puis au 19ème Escadron de Train au moment de sa démobilisation en 1919. En 1939, il est affecté spécial au titre de la Société des Forges et Aciéries du Nord et de l’Est à Trignac (les Forges de Trignac, fermées depuis 1931 sont réactivées à l’approche du conflit).

Registre Matricule de Félix MICHEL-CAHEN Matricule 2469 [AD75, D4R1 1675]
Registre Matricule de Félix MICHEL-CAHEN Matricule 2469 [AD75, D4R1 1675]

Nous ignorons la raison de la présence de Félix, de son épouse et de sa fille au Pouliguen mais entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940, Félix MICHEL-CAHEN se fait recenser en tant que Juif auprès de la sous-préfecture de Saint-Nazaire ou Mairie du Pouliguen sous le numéro 149. Il réside rue de Verdun au Pouliguen [en fait Villa Saint-Nicolas, rue Jules Benoist] et travaille comme employé G.I.A.IO [Groupement Industriel et d’Armement à Trignac] et réside au 18, place Marceau à Saint-Nazaire.

Extrait liste dactylographiée du recensement 08 novembre 1940  [ADLA 1694W25]
Extrait liste dactylographiée du recensement 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]

Félix MICHEL-CAHEN est arrêté le 15 juillet 1942 à son domicile par la Police Allemande puis transféré sur Saint-Nazaire, Nantes puis Angers au Grand-Séminaire. Suzanne et Martine ne sont pas juifs et ne sont donc pas arrêtés. Félix enverra de ses nouvelles à son épouse au Pouliguen lorsqu’il est emprisonné à Nantes.

Liste provisoire des arrestations [ADLA 1694W25]
Liste provisoire des arrestations [ADLA 1694W25]

Il est déporté par le convoi numéro 8 d’Angers à Auschwitz le 20 juillet 1942.

liste convoi 8 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
liste convoi 8 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]

En février 1945, Suzanne, son épouse, envoie un courrier au Ministère des Internés et Déportés pour tenter de retrouver trace de son mari.

En l’asbsence d’information, Félix a été déclaré Mort en déportation 2 jours après l’arrivée du convoi et un jugement déclaratif de décès a été prononcé en 1947. Félix a été exterminé à Auschwitz-Birkenau, il avait 50 ans.

Martine MICHEL-CAHEN sera adoptée par la Nation en 1950. Suzanne qui s’est occupée des formalités administratives d’état-civil après guerre auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Gurre arpès-guerre, décède en 1985 à Paris.