Edith LÖWENSTAMM est réfugiée à La Baule entre le 28 février 1940 et le 20 juin 1940, date à laquelle elle rejoint son domicile en Seine-et-Oise, au Pecq au 101, route de Croisy.
Recensement 1936 LE PECQ
Elle séjourne à La Baule Villa les Bourgeons avenue de l’Hallali et retournera au Pecq entre le 16 et le31 mars 1940.
Le tampon « Juive » est apposé sur son récépissé de demande de carte d’identité à l’automne 1940.
Edith LÖWENSTAMM est la fille d’Alfred LÖWENSTAMM né le 15 janvier 1880 à Třebíč (en allemand Trebitsch) (République Tchèque) et d’Elsa NICHTENHAUSER née le 18 septembre 1891 à Břeclav (en allemand Lundenbourg) (République Tchèque) mariés le 18 novembre 1913 à Vienne. Edith est née le 11 décembre 1914 à Vienne (Autriche) et a par ailleurs un frère Hugo né le 22 avril 1919 à Vienne (Autriche). Alfred exerce la profession dessinateur de mode comme son père et ils habitent au Pecq (Seine-et-Oise) depuis Octobre 1935.
Certificat de naissance d’Alfred LÖWENSTAMM [DAVCC 21 P 480151}
Alfred est arrêté le 20 février 1943 à son domicile au 101, route de Croissy au Pecq (Seine-et-Oise) par la police française puis transféré le jour même sur le camp de Drancy. André CHADELAT, teinturier-blanchisseur au 105 route de Croissy et Samuel DORES au 101 route de Croissy seront témoins de l’arrestation.
Alfred, son père, est déporté par le convoi numéro 49 du 02 mars 1943 de Drancy vers Auschwitz. En l’absence d’informations, il sera déclaré décédé 5 jours après l’arrivée du convoi soit le 7 février 1943.
Edith n’est pas déportée et décède en France, son frère au Chesnay le 20 mars 2013 et leur mère à Paris en 1981. Elsa fera les démarches auprès du Ministère des Anciens Combattants dans les années 50 pour l’obtention du statut de déporté politique.
Herman FAJGENBAUM [Musée de Malines, CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
Herman et Luise FEIJENBAUM 1940 [ADLA 2101W615]
Hermann FEIGENBAUM dit FAJGENBAUM est né le 22 novembre 1898 à Binswangen (Allemagne) et est marié avec Luise KRATZ née le 15 mai 1903 à Dusseldorf (Allemagne). Le couple s’est marié à Dusseldorf le 05 août 1930.
Cerfificat de mariage de Hermann FEIGENBAUM et Luise KRATZ [DAVCC 21 P 449174]
Tous deux sont de nationalité yougoslave et sont arrivés dans un premier temps en Belgique en mars 1933. Au moment de l’invasion de la Belgique, ils se réfugient en France le 16 mai 1940 en passant par le poste-frontière de Ghyvelde puis Bourbourg, Evreux les 18 et 19 mai et arrivent le 21 mai 1940 à Pornic où ils effectuent tous les deux une demande de carte d’identité en juillet 1940 auprès de la mairie de Pornic. Ils habitent alors 29, rue de Paimboeuf à l’Hostellerie Ourida. Le couple désirait émigrer aux Etats-Unis.
Demande de carte d’identité d’Herman FAJGENBAUM [Archives Municipales de Pornic I5]
Demande de carte d’identité de Louise FAJGENBAUM [Archives Municipales de Pornic I5]
Hermann et Louise FEIGENBAUM ont été rajoutés de manière manuscrite sur la liste simple du recensement du 27 septembre / 20 octobre 1940 des Juifs de l’arrondissement de Saint-Nazaire sous le numéro 153.
Liste recensement [ADLA 1694W25]
Ils sont dirigés sur le Maine-et-Loire d’abord à Angers le 1er juillet 1941à l’Hôtel de l’Univers puis résident aux Ponts-de-Cé dans la Villa La Roseraie, rue Diderot. Hermann FEIGENBAUM est arrêté par les Autorités Allemandes le 11 novembre 1942 puis convoyé par la gendarmerie d’Angers et interné à Drancy sous le numéro 3827. Il est dirigé sur le camp de Beaune-la-Rolande le 09 mars 1943 et envoyé à Saint-Pérey-la-Colombe près de Bricy (Loiret). Il est rattaché au camp de Drancy le 12 juillet 1943 et renvoyé de Beaune à Drancy le 06 août 1943. Il est déporté de Drancy vers Auschwitz le 02 septembre 1943 par le convoi n°59.
Fiches d’internement camps de Drancy et Beaune-la-Rolande [AN, F9/5690]
Liste convoi 59 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
Un certain nombre d’enfants dont les parents ont été arrêtés le 15, 16 et 17 juillet 1942 sont confiés à Madame Louise FEIGENBAUM qui n’a pas le statut de Juif selon les lois de Vichy.
Contrôle de présence des Israélites1942-1944 [ADML 7W1]
Louise FEIGENBAUM, son épouse, émigre aux Etats-Unis le 24 février 1948 de Southampton à bord du paquebot Queen Mary en ayant obtenu un visa à Anvers par l’entremise de la HIAS américaine de Bruxelles (HIAS : Hebrew Immigrant Aid Society). Elle arrive à New-York le 03 mars 1948 et donne comme référence une personne de la famille résidant à San-Francisco.
Passenger lists, 3-4 Mar 1948 (NARA T715, roll 7556)
Après-guerre (1947), Luise FEIGENBAUM qui avait émigré en Belgique (3, rue de l’Industrie à Vilvorde et 85, rue Vanderlinden à Bruxelles) demandera une attestation de déportation au Ministère des Prisonniers et Déportés. Elle fournit par ailleurs deux attestations de témoins (S. SOLONI et Maurice WEINBERG) qui certifient que Hermann FEIGENBAUM est décédé d’une pneumonie en mars 1944 dans le ghetto de Varsovie. Un certificat de décès sera dressé par les Autorités Françaises.
Sarah COHEN (née Eskenazi) est née en 1866 à Constantinople et a onze enfants enfants dont trois identifiés : Esther COHEN née le 16 février 1900 à Constantinople, Rebecca née le 03 janvier 1901 à Constantinople et Jacques né le 19 mai 1889 à Constantinople. Son mari Salomon est décédé en 1937. Elle habite à Paris dans le 10ème arrondissement 4, boulevard de Bonne Nouvelle dans le même immeuble que la famille RODITI avec sa fille Esther, célibataire.
Recensement de population 1936 Porte de Saint-Denis [Archives de Paris, M8_581_0004]
Présente sur la presqu’île (date d’arrivée inconnue), elle se fait recenser en tant que Juif (juste après la famille RODITI) auprès de la sous-préfecture de Saint-Nazaire (ou au commissariat de La Baule) entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940 sous le numéro 48 résidant comme Santo et Sultana, avenue Heurteau.
Extrait liste recensement 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]
Elle quitte la presqu’île entre le 26 janvier et le 25 février 1941 avec sa fille à destination de Paris.
Changement résidence Israëlites février 1941 [ADLA 1694W25]
A Paris, lorsqu’elles se présentent pour récupérer leurs étoiles jaunes, la Préfecture de Police enquête pour savoir si les deux femmes ont bien été recensées sur La Baule.
La police française effectue un contrôle d’identité et elles sont arrêtées en possession de fausses pièces d’identité destinées à se rendre en Espagne (source SHD) et plus précisément de faux passeports (source Drancy). Elle sont internées au camp de Drancy le 22 août 1943, Sarah sous le numéro 4291 et Esther sous le numéro 4292.
Fiches d’internement Drancy [AN, F9/5685 et F9/5686]
Sarah et Esther COHEN sont déportées par le convoi numéro 59 de Drancy à Auschwitz le 02 septembre 1943. Sarah avait 77 ans et sa fille 43 ans.
Liste convoi 59 02 septembre 1943 [CDJC, Mémorial de la Shoah, Paris]
A la fin de la guerre, Rebecca HATEM (née COHEN), la fille de Sarah effectue les démarches auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre afin d’obtenir les certificats de disparition puis actes de décès et statuts de déporté politique.
Santo RODITI [Père : Sabetaï RODITI et Mère : Vida Louna] est né le 24 août 1907 à Magnésie (Turquie), présent en France depuis le 11 juillet 1923 et est marié avec Sultana COHEN [Père Salomon COHEN et Mère : Sarah] née le 01 mars 1910 à Constantinople (Turquie) arrivée en France le 14 août 1929. Le couple s’est marié le 20 décembre 1930 à la mairie du 11ème arrondissement. Ils résident en 1936 à Paris, 4 boulevard Bonne Nouvelle (Paris, 10ème arrondissement) avec la famille COHEN et après 1936, la famille HATEM vient les rejoindre à priori dans la même rue.
Recensement de population 1936 Porte de Saint-Denis [Archives de Paris, M8_581_0004]
Le couple a trois enfants : Vida née le 21 mars 1933 à Paris (11ème arrondissement), Sarah Rita née le 11 juin 1939 à Paris (10ème arrondissement) et Edouard Sodi né le 18 novembre 1940 à La Baule. Santo exerce la profession de fourreur et plus précisément de cloueur en fourrure. Le métier de fourreur est scindé en une une multitude de petits métiers spécialisés dans la chaine de fabrication pour arriver au produit fini (coupeur, cloueur, finisseur…). Le cloueur mouille la peau du cuir, agrafe à la forme du patron reproduit sur une planche les différents morceaux composant la future pièce (dos, devant, manches…), décloue après séchage et égalise tout ce qui dépasse du patron.
Bulletin de mariage des époux RODITI [21 P 531 871]
La Mouette 24 novembre 1940 [ADLA, Presse en ligne]
Etat civil de Vida, Rita et Sadi RODITI [DAVCC 21 P 531 869]
Entre le 27 septembre 1940 et le 20 octobre 1940, Santo RODITI se déclare en tant que Juif à la sous-préfecture de Saint-Nazaire (ou commissariat de La Baule) sous le numéro 47. Au moment du recensement, la famille habite avenue Heurteau et au moment de la naissance d’Edouard avenue des Ibis.
Extrait liste recensement 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]
La famille quitte La Baule entre le 26 janvier 1940 et le 25 février 1941 pour Paris.
Changement de résidence des israëlites février 1941 [ADLA 1694W25]
Les services de la Préfecture de Police de Paris vont vérifier si Santo RODITI a bien été inscrit sur les listes de recensement en Loire-Inférieure au printemps 1942.
Fiche de RODITI Santo [Fichiers Préfecture de Police Paris Familial AN F9/5623]
Fiche de RODITI Sultana [Fichiers Préfecture Police Paris Individuel Adulte AN F9/5658]
Les époux sont arrêtés le 21 août 1943 par la police française, internés à Drancy le 25 août 1943 puis déportés tous les deux par le convoi numéro 59 de Drancy à Auschwitz le 02 septembre 1943.
Fiches d’internement du Camp de Drancy [Archives Nationales]
Liste convoi numéro 59 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
Santo et Sultana RODITI sont décédés à Auschwitz, lui avait 36 ans et son épouse 33 ans. Des feuilles de témoignage seront déposées à Yad Vashem en mémoire du couple.
Au moment de l’arrestation de Santo et Sultana, Rebecca HATEM qui habitait boulevard Bonne Nouvelle, pendant qu’elle faisait ses courses, a entendu une rumeur d’une rafle dans l’immeuble de sa soeur (Sultana), elle est venue sur place et a récupéré les enfants en disant que c’était les siens, ils sont retournés chez eux et dans la nuit, ils ont pressenti que leur immeuble allait subir le même sort et sont partis se cacher dans le métro.
Plus tard, les époux HATEM vont se cacher durant toute la période de guerre dans une ferme tandis que les enfants passent la ligne de démarcation et se cachent à Goncelin (Isère) alors sous contrôle italien dans une famille, Monsieur et Madame BECK. Rebecca HATEM viendra récupérer les enfants à la fin de la guerre puis les époux HATEM trop pauvres pour les prendre en charge, ils seront placés en maison d’enfant à Rueil-Malmaison puis Rita placée en maison d’enfant à Pontault-Combault (Seine-et-Marne), séparée de son frère.
Madame Rebecca HATEM, soeur de Sultana, effectuera une demande recherche pour sa famille dont les époux RODITI.
A la fin de la guerre, les enfants étant mineurs, un conseil de famille se réunit et nomme Jacques COHEN comme tuteur et Grace RODITI épouse SAGUES comme subrogé tuteur provisoire.
Vida a émigré en Israël et réside en 1956 au 183 Mahané.