BROUDO Salomon, Anna, Lucie [101]

Salomon BROUDO circa 1941 [SHD 21 P 431 008]
Salomon BROUDO circa 1941 [SHD 21 P 431 008]

La  famille BROUDO, d’origine grecque, vit à Salonique et toute la famille (très importante) exerce des métiers autour de la confection. La famille est dirigée par Lucie BROUDO née VEISSID qui gère les affaires de la famille. En 1917, le grand incendie de Salonique réduit à néant toutes les années de travail et une partie de la famille se retrouve sur le port. Par prudence, Lucie BROUDO avait caché des objets de valeur dans le puits de sa maison et était retournée dans la maison pour les récupérer.

Lucie BROUDO (mère) prend la décision de s’expatrier avec une partie de la famille et choisit la France, terre d’accueil pour beaucoup d’étrangers, et arrive en France en 1917. Le reste de la famille suivra en 1921, Salomon arrivant quant à lui le 25 juillet 1921 et réside alors 24, rue des Trois-Frères dans le 18ème arrondissement à Paris. La famille décide de rebondir et veut donner à ses enfants toutes les chances de réussir. Ils entament tous des études supérieures et exerceront quasiment tous une profession autour de l’odontologie : pour les uns chirurgiens-dentistes, pour les autres prothésistes dentaires… Les études terminées dans le Nord de la France (là où ils sont arrivés), les BROUDO exercent leur profession de dentistes à Paris.

Salomon ne suit pas le même parcours et exerce la profession de marchand ambulant en attraction foraine au moins depuis 1934. Il change d’activité et récupère une attraction lors de l’Exposition universelle de 1937 et exerce sa profession sur les différentes foires de la région dont celle du Cours Saint-Pierre à Nantes . Il s’agit d’une attraction avec de petits avions et Salomon BROUDO est très ami avec Fernand HIKIM qui lui aussi tient une attraction foraine au même endroit.

Echo de la Loire 25 août 1935 p.3 [ADLA, en ligne]
Echo de la Loire 25 août 1935 p.3 [ADLA, en ligne]
Echo de la Loire 23 avril 1939 p.5 [ADLA, presse en ligne]

Salomon dit Sylvère BROUDO est né le 07 avril 1907 à Salonique (Grèce) et est marié avec Annette prénom d’usage : Anna BAYEWSKI née le 05 juin 1908 à Paris (18ème arrondissement) depuis le 05 avril 1930 [18ème arrondissement). Il se sont mariés le dimanche 06 avril 1930 au Temple de la rue Buffault dans le 9ème arrondissement.

Le couple a un enfant : Lucie née le 17 septembre 1933 à Paris (18ème arrondissement). Au moment de son mariage, Salomon exerce la profession de cordonnier.

Actes de naissance d’Anna BAYEWSKI et mariage de Salomon BROUDO et Anna BAYEWSKI [Archives de Paris, 18N348]

Entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940, Salomon se déclare en tant que Juif auprès de la sous-préfecture de Saint-Nazaire (ou mairie de Pornichet) sous le numéro 101.

Extrait liste dactylographiée recensement 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]
Extrait liste dactylographiée recensement 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]

Originiaire de Paris où il habite 24, rue des 3 Petits Frères dans le 18ème arrondissement, Salomon, Anna et Lucie habitent dans un premier temps Avenue du Vélodrome à Pornichet (octobre 1940) puis déménage Villa Val d’Or avenue Charlotte à Pornichet également.

Villa Val d'Or, Avenue Monnier Pornichet © collection particulière
Villa Val d’Or, Avenue Monnier Pornichet © collection particulière

Salomon BROUDO qui tient son stand d’attraction foraine au Parc des Attractions à Pornichet Stand numéro 10 (Fernand HIKIM recensé juste avant lui également) va subir les différentes lois et décrets dans le cadre du « désenjuivement de l’économie française ».

Les scellés sont apposés sur son commerce le 04 décembre 1940. Un administrateur provisoire est nommé le 28 janvier 1941 en la personne de Gabriel HERVOUËT, arbitre de commerce à Saint-Nazaire.

Dossier d'aryanisation Salomon BROUDO [AN AJ38/4598 dossier n°2529]
Dossier d’aryanisation Salomon BROUDO [AN AJ38/4598 dossier n°2529]

Salomon tente de sursoir à la liquidation et demande au Vice-Consulat de Grèce à Saint-Nazaire une dérogation eu égard à sa nationalité. Cette demande est envoyée à la Préfecture de Loire-Inférieure puis transmise aux Autorités allemandes.

Le docteur RHEINFELS de la Feldkommandantur de Nantes donne une réponse sans appel : « le fait que le demandeur est Grec ne justifie aucun traitement particulier« .

Dossier d’aryanisation Salomon BROUDO [AN AJ38/4598 dossier n°2529]

La liquidation de l’entreprise ne tarde pas et trouve un acquéreur : Monsieur Victor GERMAIN, 2 quai Duquesne à Nantes achète comptant le stock de bibelots pour 4200 francs alors que l’inventaire de début décembre 1940 l’estimait à 5300 francs. Salomon BROUDO est radié du registre du commerce et du rôle de la patente et sa licence de marchand forain est annulée.

Désormais sans ressources, Salomon BROUDO va demander à bénéficier d’un secours et le Préfet de Loire-Inférieure autorise à ce qu’on lui verse la somme de 3500 francs. Gabriel HERVOUET prélèvera quant à lui 450 francs sur la vente du commerce soit plus de 10% du prix de la vente.

Courrier de Saint-Nazaire et de la Région du 02 octobre 1941 [ADLA, presse en ligne]
Courrier de Saint-Nazaire et de la Région du 02 octobre 1941 [ADLA, presse en ligne]

L’ordonnance du 13 août 1941 interdit aux Juifs de posséder un poste de TSF. Il ramène le sien le 26 septembre 1941 à la sous-préfecture de Saint-Nazaire (en même temps que Fernand HIKIM).

Confiscation des postes de TSF [1694W24]

Salomon BROUDO vient récupérer pour toute la famille les cartes d’alimentation auprès de la mairie de Pornichet le 11 novembre 1941.

registre de distribution des cartes d'alimentation [AM Pornichet, 4H107]
registre de distribution des cartes d’alimentation [AM Pornichet, 4H107]

La zone de Saint-Nazaire étant située en zone côtière interdite depuis l’automne 1941, Salomon en est refoulé et demande l’autorisation à la sous-préfecture en novembre 1941 de la quitter pour se rendre en région parisienne avec son camion-roulotte.

ADLA 1694W25
ADLA 1694W25

Salomon BROUDO se rend au Maincy (Seine-et-Marne) au 43, rue Alfred Sommier le 09 décembre 1941. Il est arrêté le 08 novembre 1942, interné à Drancy le 09 novembre 1942 et déporté par le convoi numéro 45 du 11 novembre 1942. Son épouse et sa fille ne sont pas arrêtées. Ils se réfugieront à partir de 1943 à Saint-Marcel (Saône -et-Loire).

Fiche de BROUDO Salomon [Fichiers Préfecture Individuel Adulte F9/5636]

ndividuel Adulte F9/5636]

Fiches d’internement du camp de Drancy [Archives Nationales F9/F9/5683]

Liste convoi 45 du 11 novembre 1942 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]
Liste convoi 45 du 11 novembre 1942 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]

Annette en juin 1945 à la Croix Rouge Française puis en août 1945 au centre d’accueil à l’Hôtel Lutetia rédige un certain nombre de courriers car elle croit dans le retour de son mari : « La Radio Suisse a émis une liste de déportés se trouvant à Odessa en voie de rapatriement dans laquelle était annoncée BROUDO Salomon de Paris« . Cette information lui a été communiquée par sa voisine qui l’a entendu le mardi 19 juin 1945 vers 14h30.

[DAVCC Caen 21 P 431008]
[DAVCC Caen 21 P 431008]

Malheureusement, les différentes recherches effectuées dans la documentation disponible (très incomplète) ne permet pas de retrouver trace de Salomon.

[DAVCC Caen 21 P 431008]

Salomon BROUDO est décédé en déportation, il avait 35 ans.

Lucie se marie à Paris (19ème arrondissement) le 05 février 1955 avec Serge RIEGER (né à Strasbourg le 05 juillet 1927) et obtiendra pour son père un certificat de décès.

Annette elle, se remarie après guerre avec Rachmiel SIROTA.

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