
© collection particulière
[la photographie a été prise dans le jardin de la villa Ma Miniou]

© collection particulière
Léon CERF est né le 03 janvier 1882 à Paris (4ème arrondissement) [Père : CERF Wollf, horloger et Mère : ALVITZKI, Augustine, casquetière]. Il est marié avec Aimée née HERSE née le 16 décembre 1883 à Paris (4ème arrondissement) [Père ; HERSE Adolphe, fabricant de casquettes et Mère : WEINDENBACH Laure]. Ils se sont mariés le 04 novembre 1909 à la mairie du 3ème arrondissement à Paris et ont eu fille Simone née le 19 janvier 1911 à Paris (3ème arrondissement).



Léon CERF a fait ses études primaires à l’école de la rue des Francs-Bourgeois et apprend ensuite le métier de son père : horloger-bijoutier. Incorporé le 16 novembre 1904 au 71ème Régiment d’Infanterie à Saint-Brieuc, il est réformé temporairement puis définitivement en 1911. Son père, atteint d’une maladie nerveuse, cède son commerce d’horlogerie-bijouterie en 1911. Léon, qui s’occupait déjà de commission dans diverses branches commerciales, notamment de produits chimiques abandonne le métier de son père et entre en relation avec Monsieur BEYTOUT, pharmacien au 4, boulevard Poissonnière. Monsieur BEYTOUT était le concessionnaire de la maison SCHERRING à Berlin et détenait le monopole de l’urotropine. Léon CERF devient le représentant de la maison SHERRING s’occupant de la publicité et de la vente en gros des produits pharmaceutiques de la maison SHERRING. La guerre de 1914 est déclarée et tout commerce avec la maison allemande devient impossible. Léon devint alors le représentant de commerce de Monsieur BONDU, pharmacien au 70, rue de Bondy puis à partir de 1916, travaille pour la maison LAMBIOTTE et Cie. Il réside alors au 13, boulevard Voltaire chez Monsieur RONDEPIERRE, lui-même pharmacien aux Etablissements LAMBIOTTE. Le 9 juin 1917, il est affecté au 102ème Régiment d’Infanterie à Chartres puis classé Service Auxilliaire un mois plus tard. Le frère de Léon, Michel exerce la profession d’horloger-bijoutier au 14, rue de Miromesnil et réside avec sa femme et ses deux enfants 34, rue du Faubourg Saint-Honoré.
La famille possède une petite maison située à Sainte-Marie sur Mer acquise en 1924 située entre la place de l’église et la mer, la villa Ma Miniou. La famille habite alors 52, rue d’Hauteville dans le 10ème arrondissement à Paris au moment de l’achat de la villa où Léon exerce la profession d’attaché de laboratoire. C’est la profession qu’il déclare au moment du recensement à croiser avec celle déclarée au moment de son internement à Pithiviers : Directeur de la maison CIBA [Chemische Industrie BAsel] . La maison CIBA est un laboratoire pharmaceutique créé en Suisse au milieu du XIXème siècle avec de multiples succursales à l’étranger spécialisé dans les colorants qui diversifie ses activités autour des produits chimiques et parachimiques. Comme beaucoup de laboratoires à l’époque, elle est également maison d’édition et éditera de nombreux ouvrages en particulier sur les hôpitaux parisiens.

Nous n’avons pas la date d’arrivée à Saint-Marie sur Mer. Néanmoins, toute la famille y réside très régulièrement (présence avérée en 1918) et s’y retrouve au moins à partir de septembre 1940 et dans la région de Nantes au moins à partir d’avril 1940 puisque la petite-fille de Léon, Elisabeth y naît le 22 avril 1940.
Aimée CERF est enregistrée en tant que réfugiée auprès de la mairie de Sainte-Marie-sur-Mer. Elle est dans le même temps accompagnée par la mère d’André SEIDENGART, Adèle ZADENGART dit SEIDENGART et par la soeur d’Aimée, Annette TEIFEL (née HERSE).
Les mairies gèrent au mieux l’arrivée massive des réfugiés de septembre 1939 et de mai/juin 1940. A Sainte-Marie, ces « registres » prennent la forme de cahiers d’écolier (et il en existe plusieurs) mais aucune date sur aucun d’entre eux. On supposera qu’Adèle SEIDENGART et Annette TEIFEL sont arrivées dans le même temps que le reste de la famille, certainement pour être présentes lors de l’accouchement de Simone. Julien TEIFEL [né le 28 mai 1905 à Paris], l’un des enfants d’Annette sera déporté par le convoi 73 du 17 mai 1944 de Drancy à Kaunas/Rival (Lithuanie/Estonie) et n’en reviendra pas (Se trouvent également dans le train, le père de Simone VEIL, André JACOB ainsi que son frère Jean JACOB).
Registres sur cahiers d’écolier des réfugiés [Archives Municipales de Sainte-Marie-sur-Mer 4H5]




Léon CERF se fait recenser en tant que Juif auprès de la sous-préfecture de Saint-Nazaire entre le 01 octobre et le 21 octobre 1940 sous le numéro 14.
![Extrait liste dactylographiée recensement 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/02/cerflc3a9onrecensement.jpg)
Suite à l’ordonnance allemande du 13 août 1941, tous les postes de TSF appartenant aux juifs sont confisqués. Cette ordonnance avait été largement anticipée par les Autorités Allemandes fin octobre 1940 puisque celles-ci font paraître un avis dans « Le Phare » et l’ « Ouest-Eclair » demandant à ce que tous les postes soient remis à la Kreiskommandantur à Saint-Nazaire pour ce qui concerne l’arrondissement.
En octobre et novembre 1941, les Autorités Allemandes demandent aux Autorités Françaises d’effectuer des perquisitions domiciliaires afin de vérifier que tous les postes ont bien été rendus, ce qui sera fait par tous les commissariats de l’arrondissement de Nantes ainsi que dans les autres arrondissements, chaque commissariat rendant compte auprès de la Préfceture des perquisitions effectuées. Léon CERF avait remis son poste de TSF le 03 décembre 1940 aux Autorités Allemandes.
Confiscation des postes de TSF [ADLA 1694W24]








La villa Ma Miniou est mise sous séquestre dans un premier temps par Maître THUILLIER le 25 novembre 1942, avoué, docteur en droit, immeuble « Les Brisants » au Pouliguen puis par Gabriel HERVOUËT le 02 août 1943, arbitre de commerce à Saint-Nazaire suite à la démission de Maître THUILLIER. Après inventaire en présence du maire de Sainte-Marie, un état de la propriété est dressé par André Montagne, architecte à Pornic, la maison est proposée à la vente 198000 francs en juin 1943.
Cet inventaire extrêmement précis ne laisse aucun doute : la villa a été « visitée » entre le 16 juillet 1942 et le mois de juin 1943 : toute la vaisselle de cuisine est manquante, pas de table, ni chaises et il n’y a plus ni boiseries de lits, ni sommiers, ni matelas dans les trois chambres…
![Lettre du CGQJ au Préfet de Loire-Inférieure 30 juin 1943 [AN AJ38/4599 dossier n°8057]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/02/21cerf30061943.jpg)
Le 11 décembre 1943, un architecte de la famille, Monsieur BIRON va défendre les intérêts de la famille et insiste à ce que la maison ne soit ni vendue, ni louée.
Lettre de Monsieur BIRON à Gabriel HERVOUËT 11 décembre 1943 [AN, CGQJ, AJ38/4599 dossier n°8057]


Fort de cette information, l’administrateur provisoire voyant que l’éventuelle commission résultant de la vente ne pourra lui être versée, écrit au Préfet pour connaître la position qu’il doit adopter.
![[AN, AJ38/4599 dossier n°8057]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/02/28cerf08121943.jpg)
Et trouve une « solution » en proposant la villa à la location, contre l’avis de l’architecte défendant les intérêts de la famille, sans accord des autorités allemandes…


La villa à priori ne sera jamais vendue.
Les époux CERF sont arrêtés le 17 juillet 1942 à Saint-Marie avec leur fille et petite fille et dirigés sur Angers au Grand Séminaire.
Retranscription message téléphonique du commissariat spécial de Saint-Nazaire à la Préfecture de Loire-Inférieure 27 juillet 1942 [ADLA 1694W25]
![Retranscription message téléphonique du commissariat spécial de Saint-Nazaire à la Préfecture de Nantes 28 juillet 1942 [ADLA 1694W25]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/02/01arrestationsseidengartjuillet1942adla1694w25.jpg)
Les Juifs en zone occupée sont soumis à un contrôle draconien lors de leurs déplacements. A partir d’octobre 1940, ils doivent se signaler auprès des commissariats ou des mairies au départ et à l’arrivée. Les autorités françaises reportent tous ces déplacements dans un état mensuel qu’ils transmettent par ailleurs aux Autorités Allemandes. Celui de juillet 1942 mentionne donc dans une glaciale froideur toute administrative les arrestations qui ont eu lieu dans l’arrondissement.

L’arrestation qui a eu lieu dans le bourg de Sainte-Marie en plein mois de juillet a été gravée dans les mémoires :
Témoignage de Mme R., Sainte-Marie-sur-Mer
En juillet 1942, vivaient dans la maison appelée « Ma Miniou » à Sainte-Marie-sur-Mer, Mr et Mme CERF avec leur fille unique, Mme SEIDENGART Simone (le mari de celui-ci étant à l’époque déplacé comme médecin de stalag et d’oflag en Pologne) ainsi que sa fille Elisabeth qui avait deux ans.
Le 15 juillet 1942, le bruit court à Sainte-Marie qu’une famille juive (les MARX) vient d’être arrêtée au Porteau et que deux camions sont garés dans le bourg près de la boulangerie pour emmener la famille CERF.
Mme T., la meilleure amie de Mme SEIDENGART décide d’aller voir ce qu’il se passe. C’est l’heure du déjeuner et le hasard veut qu’un seul garde armé se trouve à la porte du jardin de « Ma Miniou », les autres (des gradés) étant à déjeuner dans une pension de famille pas loin.
Après un moment d’hésitation, Mme T. passe devant le garde qui la laisse entrer et va voir son amie Simone qui lui raconte qu’au moment de l’arrestation, sa petite fille Elisabeth se trouvait chez les voisins et qu’il avait fallu qu’elle aille la chercher. Puis elle donne sur un morceau de papier l’adresse de son mari qui a réussi à lui écrire peu de temps auparavant afin qu’elle puisse le prévenir de son arrestation. Elle lui dit aussi que dans sa lettre son mari lui a raconté avoir rencontré des catholiques et qu’il réfléchissait à se convertir dans cette religion. Elle demande alors à son amie une faveur : faire en sorte que sa fille soit baptisée. Simone part alors détourner l’attention de ses parents (Léon et Aimée) qu’elle sait profondément religieux. Pendant ce temps-là, Mme T. baptise la petite avec l’eau du robinet de la cuisine. Elle les quitte par le même chemin sans un regard pour le garde et regagne sa maison.
En début d’après-midi, la famille est séparée dans les deux camions qui attendaient : le grand-père Léon et sa fille Simone dans l’un, la grand-mère Aimée et sa petite-fille Elisabeth dans l’autre. Personne n’est revenu.
Cette famille était connue comme étant juive et avait une vie simple dans le bourg de Sainte-Marie. On m’a raconté que Monsieur Léon CERF avait été souvent vu en promenade près du château de Pornic et sur le port. Sa femme tricotait beaucoup mais n’aimait pas coudre, elle donnait donc cette tâche à faire à une dame du bourg.
NDLR : pour les MARX, il sagit de Lajeunesse MARX, de sa soeur Sarah KOLP née MARX et d’une nièce Emma KOLP.
Léon CERF n’est pas rayé de la liste du convoi numéro 8 mais n’a pas été déporté par ce convoi. Il fait partie des personnes descendues à Paris lors du trajet du convoi.
Il est interné à Drancy à compter du 20 juillet 1942. Le 24 juillet 1942, une demande est effectuée (à priori de la part de Monsieur BIRON 32, rue Pierre Demours à Paris) pour obtenir la libération de toute la famille (Epoux CERF + famille SEIDENGART) avançant les arguments qu’ils sont à Sainte Marie depuis au moins deux ans, qu’ils sont tous d’origine française et que Monsieur SEIDENGART est prisonnier de guerre en Allemagne. Cette demande transite par l’UGIF qui lui répond qu’ils effectuent une demande de copie de pièce d’identité à la sous-préfecture de Saint-Nazaire pour prouver la nationalité française de Léon CERF et lui demande par ailleurs d’intervenir personnellement de son côté. La copie sera transmise à Léon CERF le 11 août 1942.







Léon CERF est envoyé au Camp de Pithiviers le 04 septembre 1942, le jour où son épouse et sa petite-fille arrivent à Drancy du camp de La Lande, et « remis aux Autorités d’Occupation » le 20 septembre 1942.
Il sera déporté par le convoi numéro 35 le 21 septembre 1942 de Pithiviers à Auschwitz.
Fichier Camp de Pithiviers CERF Léon recto/verso [AN F9/5753]


Aimée CERF et sa petite-fille Elisabeth SEIDENGART sont rayées de la liste du convoi numéro 8 et envoyées au Camp de La Lande à Monts près de Tours où elles arrivent le 20 juillet 1942 dans l’après-midi.
Les lettres et cartes du camp de La Lande à Monts près de Tours
1300 lettres et cartes soit parce que censurées, soit parce qu’arrivées après le transfert des internés vers Drancy en particulier n’ont pas été distribuées à leurs destinataires et sont archivées au YIVO à New York. En toute logique, les services postaux français auraient du renvoyer les courriers. Ce ne fut pas le cas. L’ensemble des biens appartenant aux internés du camp de La Lande laissés en déshérence (dont certainement les lettres) sont transmis au service social de l’UGIF, pour en particulier, fournir le vestiaire des internés du camp de transit de Drancy. C’est à Isaac LEWENDEL que l’on doit l’explication de la raison pour laquelle ces lettres sont à New York : https://www.uncampdejuifsentouraine.com/le-long-voyage-des-lettres
C’est un historien Juif d’origine Polonaise, Szajko Friedman, Zosa Szajkowski[2] de son nom de plume, qui est au centre d’important transfert d’archives « privées » françaises aux Etats-Unis à la fin de la guerre. Etudiant à la Sorbonne dans les années 20, il trouve un refuge temporaire en France où il s’engage dans la Légion étrangère à la déclaration de guerre. Blessé le 15 juin 1940, il est évacué et se retrouve à l’hôpital de Carpentras.
Avide chercheur, sensibilisé par la montée du Nazisme, il découvre alors un certain nombre d’anciens documents juifs dans les communautés locales. Avec l’aide d’amis, il réussit aussi à faire passer des documents de Paris vers la zone libre. Avant son départ pour les Etats-Unis à la fin de 1940, il se débrouille pour transférer une partie de ces archives à New York. Il s’engage alors dans l’armée américaine en 1943 et revient en Europe avec les renseignements militaires.
En 1944, avec la permission de ses chefs, Szajko retourne à Marseille récemment libérée où il retrouve les documents qu’il avait cachés et obtient de l’armée américaine de les expédier aux États Unis. Il en fut de même avec les archives de l’Alliance Israélite Universelle et celles de l’UGIF à Paris. C’est parmi ces collections déposées à YIVO que se trouvaient les « lettres non-remises de La Lande ». Un bon nombre d’autres fonds d’origine française ont probablement, eux aussi, été « sauvés » par Zosa Szajkowski et ont, de ce fait, franchi l’Atlantique au cours de la reprise en main agitée de la France par le gouvernement provisoire du général de Gaulle.
1 – Carte de Madame BIRON à Madame CERF 20 Août 1942 (carte n°858)
De Madame Biron 17, rue Berthier Nemours Seine et Marne à Madame Cerf Baraque XVI Camp de La Lande à Monts Indre et Loire [Carte écrite le 20 août 1942 et postée le 21 août 1942 de Nemours]
20 août 1942
Plus de peigne fin !
Ma petite Mémère,
Bien reçu enfin votre lettre et suis très contente de vous savoir en bonne santé et une meilleure santé pour la Chérie.
Par le même courrier, nous vous envoyons deux paires de socquètes que nous avons tricotées aujourd’hui, car tante Adèle nous a envoyé aujourd’hui du coton à cet effet. Reçu aussi des nouvelles de Pépère, indirectement il me demande de m’occuper de sa carte d’identité et de ses photos pour ensuite l’envoyer au maire de Ste Marie pour qu’il fasse refaire une carte d’identité, aussi c’est avec diligence que j’ai agi. J’ai joint aussi au paquet pommade camphrée, de deux formats, car cela devient aussi introuvable, mais courage, ne perdez pas confiance et nous saurons bientôt où est Simone. Madame Cornu veut venir avec moi le 1er Dimanche de Septembre est-ce que cela vous fera plaisir ou voulez-vous que j’aille seule, dites moi franchement avant que je m’entende avec elle, car elle n’a pas l’air de « gober » l’avenue de Messine. Temps très chaud, espérons que les socquètes vous rendront service, dites nous si vous voulez des chaussettes et si la mesure est bonne. Maman a fait les plus fines, qu’est-ce qui est le mieux ?
Grosses grosses bises pour vous deux mes chéries et à bientôt.
Jeannette
NDLR : pour la Chérie = pour Bettie SEIDENGART, la petite-fille d’Aimée.
Des nouvelles de Pépère… = Pépère = Léon CERF : Monsieur BIRON a envoyé via l’UGIF une demande de libération pour la famille et s’est également occupé de la carte d’identité de Léon.
« gober » l’avenue de Messine : il s’agit du domicile de Mme SEIDENGART, mère d’André


La carte de Jeannette BIRON nous permet de situer l’endroit où étaient logées Aimée et Bettie à savoir baraque 16 au camp de la Lande.
2 – Lettre-carte de Madame BIRON à Elisabeth SEIDENGART 27 Août 1942 (Lettre n°097)
De Madame Biron 17, rue Berthier Nemours Seine et Marne à Mademoiselle E. Seidengart Camp de La Lande Baraque XVI Monts Indre et Loire [Carte écrite le 20 août 1942 et postée le 27 août 1942 de Nemours]
Ma Betty Chérie
Heureuse de recevoir toujours des tes nouvelles car il ne se passe pas une heure que je ne pense à toi, à ta Mémé et surtout surtout à ta petite Maman. Je pense avoir la grande joie de te voir Dimanche 6 Septembre aussi je vais écrire au maire de Monts, car j’ai demandé à ta grand-mère qui ne m’a pas répondu à mes questions (1° s’il y a des trains 2° si elle veut que j’aille avec Lucienne). Quant à bon papa, je n’ai pas plus de succès pour les renseignements des trains le Dimanche.
Manny a reçu des robes pour toi, mais comme elles ne lui plaisent pas elle doit m’envoyer une à refaire car elle n’a pas le temps !!!!
Tu ne dis pas si tu as reçu le paquet de Tatizett et si tes socquettes t’allaient bien, car nous sommes en train de refaire une paire de chaussettes. Pépère nous a fait parvenir une demande de photographies du dentiste mais l’adresse était insuffisante, ma demande est revenue « Inconnu » chez Guignet à Puteaux ? Grand mère saura peut-être davantage que Pépère. Tatizett et grand Jacques se joignent à moi pour t’embrasser de tout coeur ainsi que ta bien Chère Grand Maman.
Ta Marraine
Jeannette
Jacques se démène sans cesse auprès des autorités compétentes pour notre chère Simone



3 – Carte de Madame SEIDENGART à Aimée CERF 01 septembre 1942 (Carte n°815)
De Mme Seidengart 30 avenue de Messine Paris (8) à Mme Cerf Camp de la Lande à Monts (Baraque 16) (Indre et Loire) [Carte écrite le 1er septembre 1942 et envoyée le même jour du bureau de Poste du 49 rue de la Boétie Paris VIII
Le 1 sep. 1942
Ma très chère Aimée. J’ai reçu ta carte de jeudi dernier seulement hier et aussitôt je t’ai envoyé les ampoules demandées. Dis moi si tu as besoin d’autres pour que je puisse te les envoyer. Je suis très inquiète pour Betty chérie. Je t’en supplie dis-moi toute la vérité, J’aime mieux savoir la vérité que vivre dans le doute. J’espère que tu as reçu pour Betty tout ce que je t’envoie. Est-ce que la petite robe lui va bien. As-tu reçu les soquettes que Jeannette a tricotées. As-tu reçu aussi les tabliers pour Betty chérie. Papa se repose un peu, il est très fatigué et sa santé laisse à désirer. Nous n’avons toujours aucune nouvelle de notre pauvre Momone. Toutes les démarches faites n’ont pas donné de résultats. Tout cela est bien long et il faut avoir la patience car on nous donne de l’espoir. Pépère m’a écrit, d’ailleurs je te le dis dans ma carte précédente. Demain je lui envoie un bon colis [illisible] vivres et le [Illisible], je fais chercher son linge sale ou lui rapporter le propre. Tu vois que je m’en occupe et il n’est pas délaissé. Dis moi si les affaires que je t’ai envoyé sont à ta convenance et si tu as besoin de quelque chose. A la fin de la semaine j’envoie un colis pour Betty chérie. Embrasse la tendrement pour nous deux et de bons baisers affectueux pour toi ainsi que de la famille.
Votre Man? qui vous aime


4 – Carte de Madame SEIDENGART à Aimée CERF 03 septembre 1942 (Carte n°851)
De Mme Seidengart 30 avenue de Messine Paris (8) à Mme Cerf Camp de Lande Baraque 16 à Monts (Indre et Loire) [Carte écrite le 3 septembre 1942 et envoyée le 04 septembre 1942 du bureau de Poste de La Boétie Paris VIII]
Le 3 sep. 42. Ma très chère Aimée. Je suis très inquiète de ne pas avoir de vos nouvelles. J’ai envoyé le médicament que tu m’as demandé le Pharma de Quinlou ! L’as-tu reçu ? Je me fais beaucoup de soucis pour Betty. Dis moi toute la vérité je t’en supplie, j’aime mieux savoir. De Simone nous sommes toujours sans nouvelles. Comme tout cela est long. Je t’avais écrit que j’ai envoyé deux colis à Pépère. Donc ne t’inquiète pas. As-tu reçu des farines pour Betty, les tabliers et le petit vêtement de laine ? Demain j’enverrai des farines du [illisible] et du chocolat pour notre chérie. Jeannette ira vous voir dimanche. Elle vous embrasse pour nous et sache que notre coeur et notre pensée vont continuellement avec vous et nous partageons le chagrin et la douleur avec vous. Papa va un peu mieux, il se repose un peu et cela lui fait du bien. Notre pauvre Dédé a écrit deux lettres. Il va bien, mais il est inquiet de ne pas avoir des nouvelles de Simone et que lui dire. Bons baisers bien tendres pour vous deux. Bon courage et espoir, ma chérie, La famille vous embrasse.


Elles sont envoyées sur Drancy le 04 septembre 1942 puis envoyées au camp de Beaune-la-Rolande le 09 mars 1943 puis renvoyées sur le camp de Drancy le 12 juillet 1943. Aimée CERF et sa petite-fille sont protégées un temps de la déportation puisque André, le père d’Elisabeth est prisonnier de guerre. Elles seront déportées par le convoi numéro 60 le 07 octobre 1943 de Drancy vers Auschwitz et gazées à l’arrivée du convoi. Aimée CERF avait 59 ans et Elisabeth 3 ans et demi.
Fichier Camp de Drancy CERF Aimée recto/verso [AN F9/5685]




Liste convois numéro 35, 60 et 8 [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]



A l’arrivée du convoi à Auschwitz, Léon CERF, 60 ans est sélectionné pour rentrer dans le camp et figure sur les registres d’enregistrement du camp. Il est décédé le 10 octobre 1942, à l’âge de 60 ans, 15 jours après son arrivée.
C’est André SEIDENGART, gendre de Léon CERF, qui s’occupera après-guerre des démarches auprès du Ministère des Anciens Combattants.
![Liste arrestations du 15, 16 et 17 juillet 1942 arrondissement de Saint-Nazaire [ADLA 1694W25]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/02/arrestattionspage7.jpg)
![Liste Convoi 8 des 14 hommes descendus à Drancy [CDJC, Mémorial de la Shoah, en ligne]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/03/cerflc3a9ondrancyconvoi8.jpg)
![Registre Entrées/Sorties Camp de la Lande [ADIL 120W18]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/03/194207201dil120w18-2.jpg)

![Registre des personnes décédées à Auschwitz [Yad Vashem, en ligne]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2019/02/cerflc3a9ondboa.jpg)