Jacob RAVITSKY est arrêté le 15 juillet 1942 à Guenrouët alors âgé de 53 ans et déporté le 20 juillet 1942 par le convoi numéro 8 d’Angers vers Auschwitz.
Jankel Jacob Moïse RAVITSKY (prénom usuel Jacob) est arrivé en France en mai 1912 à l’âge de 24 ans. Jacob est né à Bytyn (actuelle Bielorussie) le 15 novembre 1888 et s’était marié peu de temps avant son arrivée en France le 18 mars 1912 à Slonim avec Bassé (prénom usuel Berthe) GOUROVSKY de laquelle il divorce le 30 avril 1925 [Père : Lazare GOUROVSKY et Mère : Malka SCHWONIM]. Deux enfants vont naître de cette union : Lazare né le 5 avril 1913 à Paris (14ème arrondissement) et Emilie Léa née le 27 février 1919 également à Paris (12ème arrondissement) déclarés français le 3 février 1926.


Dans l’incapacité de fournir un acte de mariage lors de la déclaration des enfants en tant que français en 1926, les époux rédigent devant un juge paix un acte de notoriété.







En 1913, Jacob réside au 35 rue Fontaine dans le 14ème arrondissement à Paris, exerce la profession de bijoutier (comme son frère Gerson) tandis que son épouse Berthe exerce celle de corsetière. En 1919, la famille réside à Montmorency (actuel Val d’Oise), rue des Berceaux, Jacob exerce la profession de caoutchoutier (il est propriétaire d’une usine de caoutchouc) tandis que Berthe n’exerce plus de profession.
Au moins à partir de 1926, Jacob réside avec sa nouvelle épouse au 76 rue Notre-Dame de Nazareth dans le 3ème arrondissement à Paris.
Jacob exerce la profession de chemisier. Il est propriétaire d’une usine à Sotteville-lès-Rouen qui emploie 250 ouvriers et ouvrières et est également propriétaire d’au moins un magasin de onfection à Paris.
Jacob effectue une demande naturalisation en 1925 et obtient la nationalité française en 1926 [Dossier 23351X25, BB/11/9062].
Divorcée de son époux le 30 avril 1925, Berthe, sa première épouse effectue une demande de naturalisation en 1928 qu’elle obtient. On y apprend que Berthe à une soeur vivant à Paris au 26 rue Blanche (3ème arrondissement), Véra, marié avec Vladimir PECKER et qu’elle a par ailleurs un frère adoptif Naoum qui lui vit à Moscou. Elle réside depuis octobre 1925 au 45, rue Claude Bernard à Paris (5ème arrondissement). La garde de Emilie-Léa lui a été confiée tandis que Lazare est à la charge de Jacob. Par trois fois, en 1944, des tentatives de dénaturalisation vont avoir lieu à son encontre sans succès. Emile-Léa qui exerçait la profession de dentiste et qui habite avec sa mère au 5, square Albin Cachot à Paris (13ème arrondissement) est interdite d’exercer par arrêté du 2 juillet 1942 mais est relevée de cette interdiction en janvier 1943 (raison inconnue). Berthe a fui à partir de l’été 1942 (vraisemblablement en zone sud).
La nouvelle épouse avec qui Jacob vit se nomme Yvonne BOSSARD, employée de commerce, avec qui il se marie le 17 décembre 1927 à la mairie du 3ème arrondissement. L’un des témoins du mariage est son frère Gerson RAVITSKY, horloger-bijoutier au 64 rue de Pigalle dans le 9ème arrondissement à Paris.

Le père d’Yvonne, son épouse, avait acheté une ferme à Guenrouët et c’est dans cet endroit que le couple vient se réfugier. (Date d’arrivée dans la commune inconnue). L’entreprise RAVITSKY est mise sous séquestre au tout début de l’année 1941 et un administrateur provisoire est nommé afin de liquider l’entreprise.
Jacob est arrêté le 15 juillet 1942 parce que Juif aux environs de Guenrouët. Jacob n’était pas recensé sur l’arrondissement de Saint-Nazaire et était de fait inconnu des services administratifs et/ou de police tant français qu’allemands.



Témoignage de Joseph Ruaud à propos de l’arrestation de Jacob :
La ferme de la Justice, en Guenrouët, fut achetée par Jacob Moïse Ravitsky. Étant juif, il se cachait sous le nom de Jacques Bossard, Bossard étant le nom de sa compagne. Je crois qu’il avait une usine de textile dans la région de Rouen. Le jour où les Allemands sont venus le chercher, ma sœur Titine et Paulette ont entendu des « Au secours ». C’était Madame Bossard, femme de Jacob Moïse Ravitsky, qui appelait au secours, car les Allemands voulaient l’amener à la place de son mari. Elle demanda donc à Titine et Paulette de dire à son mari qui se cachait au Bois de Bougard de se rendre. Elles allèrent donc au Bois de Bougard trouver M. Ravitsky, qui avisé de la situation mis pour la première fois une étoile jaune et dit cette phrase : « Adieu, mes demoiselles, vous ne me reverrez jamais !«
Source AJPN
Jacob RAVITSKY est transféré sur le Grand Séminaire à Angers le 18 juillet 1942 puis déporté par le convoi numéro 8 d’Angers à Auschwitz le 20 juillet 1942.


Jacob RAVITSKY a été sélectionné à l’arrivée du train pour rentrer dans la partie concentrationnaire d’Auschwitz. Il reçoit à son arrivée le numéro matricule 51314. Un document au Musée d’Etat d’Auschwitz atteste de sa présence et en particulier de son passage dans le block 20 d’Auschwitz 1, le Stamm Lager. http://base.auschwitz.org/wiezien.php?lang=en&ok=osoba&id_osoba=188536. Le block 20 est l' »infirmerie du camp » et les documents retrouvés permettent de connaître sa date d’enregistrement entre le 18 septembre 1942 et le 19 mars 1943.
Il enverra au moins un courrier à sa femme Yvonne RAVITSKY (Chez Monsieur Joseph CHATELIER à Guenrouët) au 08 mars 1943 qui lui enverra 14 courriers jusqu’au 5 octobre 1943.
Ce document est issu des archives du Service 36 de l’UGIF. Les courriers envoyés par des détenus des camps de concentration (majoritairement Auschwitz et ses satellites), ont été envoyés à l’UGIF qui avait à charge de les enregistrer avant de les faire suivre à leurs destinataires. Dans ce fonds se trouve le fichier de suivi des courriers ainsi que les courriers qui n’ont pu être remis. (CDJC, en ligne)
Par ailleurs, le Ministère de la Justice à Paris qui avait instruit le dossier de naturalisation en 1926/1927 est également informé par la belle-soeur de Jacob, Mme SALMON ou SALOMON née BOSSARD demeurant à Aubervilliers 144, rue du Bateau de la demande de celle-ci d’un certificat de nationalité en mai 1943 pour je cite « son beau-frère interné (Haute-Silésie)«
Jacob RAVITSKY est décédé à Auschwitz (date inconnue).
Lazaze RAVITSKY, le fils de Jacob, entrera dans un réseau de Résistance sous le pseudonyme de Fontaines et sera décoré par décret publié au Journal Officiel de la République le 13 juillet 1947 de la médaille de la Résistance Française.
L’épouse de Jacob, Jeanne, se rendra au Ministère des Anciens Combattants. Un certificat lui sera remis le 25 avril 1945 attestant de la déportation de son mari.