Sura PARKIET donne naissance à son fils Maxime en septembre 1939 à Saint-Nazaire.


Sura, Majta PARKIET (prénom usuel Sarah) est arrivée en France par la Belgique le 3 avril 1938 sans passeport et à pied, orpheline de père et de mère. Elle réside dans un premier temps chez son oncle et sa tante Srul et Szajndla MOSIEZNIK née PARKIET au 5, rue de Crussol (11ème arrondissement) puis à partir du 12 juin 1938 dans un hôtel au 30, rue de Lagny (20ème arrondissement). Née le 3 avril 1920 à Varsovie [Père : Tortja et Mère : Cheja FORGAL], elle est notifiée par un refus de séjour en juillet 1938, les conditions de séjour des étrangers ayant été sérieusement durcies en mai puis en novembre 1938 par des décrets-loi du gouvernement Daladier.
Elle est notifiée de son refus de séjour le 06 août 1938 et est condamnée le 27 octobre 1938 à un mois de prison et 100 francs d’amende, peine qu’elle va purger à Fresnes.Elle en est libérée le 25 novembre 1938.
Albert BORENHEIM est né le 25 janvier 1916 à Varsovie, dans une famille juive de Pologne. En 1935, il est emprisonné pendant trois semaines dans une prison en Pologne pour « activité anti-fasciste ». Il combat dans les Brigades Internationales de l’armée républicaine espagnole (122ème Brigade, division espagnole) et est évacué pour maladie. Son rapatriement a lieu le 13 octobre 1938 et il arrive en France deux jours plus tard.
Les destins de Sura et Albert vont se croiser au cours de l’automne 1938. Toujours menacée d’expulsion et informée de celui-ci le 29 juin 1939, Sura se dirige sur la presqu’île (date et motif d’arrivée inconnus) et donne naissance à Maxime PARKIET le 16 septembre 1939 à Saint-Nazaire. Le couple n’est pas marié à ce moment-là mais Albert reconnaît Maxime à la mairie le 5 octobre 1939.

Maxime, alors âgé d’une dizaine de jours, est hospitalisé à l’hôpital de l’Hôtel Dieu à Nantes pendant 9 jours du 27 septembre au 6 octobre 1940 jours et bénéficie de l’aide médicale gratuite en tant que réfugié.
La famille quitte Saint-Nazaire à une date inconnue pour rejoindre le 5 rue Corbeau dans le 10ème arrondissement à Paris. Le couple se marie (date et lieu inconnus).
La Section spéciale de recherches (SSR) des Renseignements généraux était chargée, depuis 1937, de la surveillance des étrangers. Louis Sadosky, responsable du rayon « allemand » et « polonais », fut nommé responsable du rayon « juif », une création qui rompait avec le principe de la nationalité. Il fit d’Albert Borenheim un « Propagandiste des théories soviétiques, suspect et dangereux pour l’ordre public ».
Arrêté et interné le 19 août 1941 à la caserne des Tourelles (10ème arrondissement), Albert BORENHEIM est transféré immédiatement le 22 août au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs (Bâtiment 3, Escalier 11-12, Chambre 9).
En représailles à la mort de quatre soldats, le MBF (Militärbefehlshaber in Frankreich) fait fusiller 95 otages, dont 69 au Mont-Valérien. Aux communistes jusque-là principalement visés, les Juifs sont ajoutés. Ainsi, la définition idéologique des autorités allemandes des responsables des attentats, les « judéo-bolcheviques », est complétée. Pour renforcer encore ces représailles, le MBF annonce la déportation « vers l’Est » de 1 000 Juifs et de 500 jeunes communistes.
Liste des 69 fusillés au Mont-Valérien le 15 décembre 1941
Perec ACKERMANN ; Marcel FEZANDELLE ; Hermann SCHIPKE ; Isaac GRINBAUM ; Serge BOULLE ; Igor GOLDFARB ; Henri BANNETEL ; Hirch MEJEROWICZ ; Albert BORENHEIM ; Jacob FLAMM ; Alje ZAJDORF ; Moritz SINGER ; Marcel BOCZAR ; Meir ZAUBERMAN ; Francis CRENO ; Israël ESZENBAUM ; Mordka BLAT ; François CARCEDO ; Jean DAMICHEL ; Fabius FINKIELMAN ; Simon NADEL ; Julien BERTHIER ; Pierre BOISSON ; Samuel ZEMBROWSKI ; Daniel PERDRIGE ; Jean SELIGMANN ; Beirel FEILER ; Gabriel PERI ; Szama KNAPAJS ; Victor COURTOUT ; Roger BERNE ; Jacob FELDMAN ; Joseph FRYDMAN ; Nathan FUKS ; Israël MARDFELD ; Nachim SPERLING ; Huma CAISMAN ; Isaac KLAJNFINGER ; Hirsch BELLER ; Désiré PUCET ; Nysyme ALTERLEJB ; Israël BURSZTYN ; Gabriel BIGOT ; Paul ANDREITCHOUK ; Bernard FISCHEL ; Asrail GOUREVITCH ; Serge MAKAROFF ; Israël GOLDSTEIN ; Israël ITZKOWITCH ; Israël JAKUBOWIEZ ; Eugène LE CORRE ; Jankiel ACKERMANN ; Noech KALWARJA ; Aron SZCYPIOR ; Elia ZYSMAN ; Froïm FELDMAN ; Icek BRATSZTAJN ; Wolf BURSZTYN ; Joseph GRINBLAT ; Chil GRINOCH ; Henri PROU ; Alexandre TURPAULT ; Moïse HELLER ; Samuel KOREMBLUM ; Elie SALOMON ; Charles WEINBERG ; Elie BRITAN ; Isaac GOUREVITCH ; Mayer MLYNARZ ; Berck ZLOTYKAMIEN ; René DREYFUS.
Désigné comme otage, il quitte le camp de Drancy le 14 décembre 1941 puis fut passé par les armes le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien à 10h50 du matin. Étant de nationalité polonaise, la mention « Mort pour la France » ne fut pas accordée par le ministère des Anciens Combattants.
Albert écrit une dernière lettre à son épouse et à son fils Maxime :
Le 14 décembre 1941
Ma chère femme et enfant,
Chère Sarah et mon cher petit enfant je me trouve maintenant Rue de Grenelle, succursale de Drancy avec les autres 15 camarades. Toute la journée, on ne savait pas notre sort, mais d’ici une heure un officier avec aumônier nous a annoncé que demain à 11 hrs, nous serons fusillés. J’étais pris au hasard, c’est mon destin.
Toute ma vie, je l’ai basée honnêtement sur le travail ; j’ai souffert honnêtement en voulant élever mon enfant et vivre heureusement avec toi. Mais comme tu le vois, la guerre a brisé notre vie et voilà le résultat. Mais jamais je n’aurais cru que mon sort serait tel, malgré toute mon innocence. Je meurs innocent, avec la conscience tranquille et honnête.
Chère Sarah, je t’en prie, malgré mon absence, il faut que tu aies le courage, tu es la mère de notre enfant qu’il faut élever sur le chemin que j’ai toujours souhaité. Ce n’est pas la peine de pleurer avec des larmes, tu ne me sauveras, ni notre cher enfant, et quand elle sera grande, raconte-lui toute la vérité et la vraie cause de ma courte vie, et toi Sarah, si tu peux améliorer ta vie et élever notre enfant convenablement, ne pleure pas après moi, cela ne donnera pas grand’chose. Tant pis, tu vois bien mon malheureux destin qui est de tomber comme innocent et âme pure. Ma volonté était toujours de passer avec toi une vie harmonieuse, mais quel dommage. Que veux-tu faire ? Une chose que je souhaiterai, et cela ne peut être, mon dernier désir, que je ne peux t’embrasser, ni te serrer dans mes bras et aussi un baiser pour toi et notre cher enfant.
Je t’embrasse dans mes bras quand même en rêvant. Mon cher Maxime, tu es jeune et si je ne peux pas te voir, ni t’embrasser, je rêve en pensant à toi. Il me semble que je tiens et que je t’embrasse et il me semble que tu es grand déjà et que tu comprends bien ce que je dis. Quand tu seras grand, c’est ton père qui te demande de marcher dans la voie où il aurait voulu te conduire ; mais c’est dommage que je ne puisse t’y conduire. Mais j’espère que tu marcheras sur le chemin juste et que ta maman te donnera une bonne éducation.
Maintenant, cela commence, la fin de mon verdict. On me presse, je tombe innocent et que reste toujours dans ton coeur le souvenir de ton papa. Toi, camarade de ma vie, chère Sarah, je t’embrasse bien fort de tout mon coeur et de mes larmes dernières.
Je vous embrasse toi, et notre cher enfant, encore une fois. Tu étais fidèle dans notre vie, mais c’est la fin. J’espère que tu ne souffriras pas comme moi. C’est moi qui donne toutes mes forces pour vous.
Maintenant, je te demande de bien écrire à mon frère et à ma mère que je suis perdu.
Chère tante je ne peux te parler, mais je t’écris ces derniers mots avant ma mort. Je te demande de bien vouloir aider la veuve et l’orphelin parce que je n’ai pas le moyen de l’aider avec l’enfant.
Centre de Documentation Juive Contemporaine, LVII-60
Son épouse Sarah et Maxime, trois ans, furent arrêtés le 03 janvier 1943 puis déportés le 11 février 1943 par le convoi n° 47 à Auschwitz (Pologne) où ils moururent.












Les mentions « Mort en Déportation » seront apposés respectivement en 2014 et 2017 sur les actes de décès.



Des feuilles de témoignage concernant Albert BORENHEIM seront déposées sur le site de Yad Vashem


source principale : https://maitron.fr/spip.php?article17296
Archives de la Préfecture de Police BA 2439, KB 95.
DAVCC, Caen, otage B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty).
Annette Zaidman, Mémoire d’une enfance volée (1938-1948), préface S. Klarsfeld, Éd. Ramsay, 2004.
Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009.
Serge Klarsfeld, Le livre des otages, ÉFR, 1979.
Site Internet Mémoire des Hommes.
Site Internet CDJC.
![[AN dossier de Sura PARKIET 19940494/18]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2021/11/01refussejour.jpg?w=713)

![Fichier Familial Préfecture Paris de Sura BORENHEIM [AN F9/5606]](https://shoahpresquile.com/wp-content/uploads/2021/11/borenheimsuraanprefecturefamilialf9-5606.jpg?w=663)