MECHOULAM Edouard, Elise, Henri (NR)

Elise MECHOULAM 1939 [ADLA 4M938]
Elise MECHOULAM 1939 [ADLA 4M938]
Henri MECHOULAM 1939 [ADLA 4M938]
Henri MECHOULAM 1939 [ADLA 4M938]

Edouard, Elise et Henri MECHOULAM sont réfugiés à La Baule entre septembre 1939 et août 1940. Edouard MECHOULAM est issue d’une famille juive séfarade de Constantinople. Le nom Mechoulam en langue hébraïque a plusieurs sens : « accompli, fait » ou quelquefois le sens de « parfait » lui est également donné. Le père d’Edouard, fait fréquenter ses sept enfants dont Edouard dans des écoles francophones via l’Alliance Israëlite. Très laïque, profondément francophile, la famille n’est que très peu religieuse respectant au mieux les deux principales fêtes juives : Kippour et Pessa’h et est bercée dans la culture juive via la nourriture préparée par un membre de la famille.

Le père d’Edouard avait à Constantinople un commerce d’import/export de poissons et de caviar, caviar qu’il traitait avec la Russie. Les affaires marchent mal et il émigre en France dans les années 1920 par bateau et réside à Enghien-les-Bains (Val d’Oise). Profondément épris de culture française (tous ses enfants fréquenteront des écoles françaises en Turquie) et maitrisant parfaitement la langue, l’installation en France et à Paris/Région Parisienne va donc de soi.

Recensement de population Enghien-les-Bains [Archives Départementales du Val d'Oise, 9M512]
Recensement de population Enghien-les-Bains [Archives Départementales du Val d’Oise, 9M512]

Edouard est l’aîné de la famille né le 25 août 1901 à Constantinople [Père Isaak MECHOULAM et Mère : Victoria (prénom usuel Victorine) AZARIA]. Suivent Félix né le 25 janvier 1905, Gilbert né le 16 novembre 1908, Mathilde née le 13 octobre 1910, Henri (décédé jeune), Daisy née le 10 octobre 1914 et Daniel né le 23 novembre 1916.

Au moment de l’obtention d’une nouvelle pièce d’identité, l’employé de préfecture chargé de l’enregistrer lui rétorque : « Ah mais Mechoulam, ça fait pas très français comme nom, on va changer le m en n ». Edouard sur ses papiers d’identité portera dorénavant le nom de MECHOULAN et c’est le seul de la famille à avoir eu son nom changé ainsi.

Edouard exerce la profession de voyageur de commerce en lampes, plutôt lampes industrielles ou automobiles pour les Etablissements Clartex, 17, rue de l’Echiquier à Paris dans le 10ème arrondissement.

Il se marie avec Elise MECHOULAM (née DE TOLEDO née le 27 février 1908 à Andrinople [Père : Salomon DE TOLEDO né en 1881 à Andrinople (en turc : Dedeağaç) et Mère : Oro COHEN née en 1890 à Andrinople] tandis que son frère Gilbert se marie avec la soeur d’Elise : Beky. Deux des frère MECHOULAM se sont donc mariés avec les deux soeurs DE TOLEDO. Le couple a un enfant : Henri né le 19 décembre 1932 à Boulogne-sur-Seine. La famille réside habituellement à Paris.

La famille arrive le 03 septembre 1939 à La Baule et loge villa Fantaisie, avenue Saint-Georges. Elle est rejointe par la soeur d’Elise, Beky et son mari Gilbert. Par ailleurs également réfugiés en 1939 Bension et Boucca DE TOLEDO et qui habitent dans la même rue [il semblerait d’après les informations dont nous disposons qu’il s’agit du frère de Salomon de TOLEDO].

Elle en repart le 30 août 1940 à destination de Paris puis prend la décision de fuir la France informée par un commissaire de police, ami de la famille, des persécutions antisémites à venir. La famille fait donc ses bagages en deux heures, prend le train et voyage en wagon-couchette. Au passage de la ligne de démarcation, le Feldgendarm chargé de contrôler les papiers d’identité confond hellénique et helvétique et ils réussissent à passer sans véritable autorisation la ligne. Ils se dirigent dans un premier temps sur Lyon à l’automne 1940 puis sur Saint-Didier-au-Mont-D’or le 23 novembre 1940 où ils sont hébergés/cachés par la famille DESMARETS pendant 1 an et demi.

Note : [Les époux sont de nationalité grecque : suivant les dates de naissance et les multiples conflits armés entre la Grèce et la Turquie, une personne née à Constantinople ou plus largement en Turquie peut suivant les cas être de nationalité turque ou grecque, ce qui est le cas de la famille MECHOULAM, Isaac, le père d’Edouard étant lui de nationalité turque].

Un ami à Madrid leur fait délivrer une supplique pour devenir sujet espagnol et ils obtiennent un passeport collectif pour pouvoir fuir vers l’Espagne.

Monsieur DESMARETS, ancien combattant de la guerre de 14 et amputé des deux jambes les emmènera à la gare pour quitter la banlieue lyonnaise le 31 août 1942 pour la frontière espagnole (à Cerbère) qu’elle franchit en octobre 1942. La famille reste en Espagne 1 an et demi, ne trouve pas de travail et vit des subsides versés par le JOINT. Informés par une personne de la famille d’une promesse de travail au Maroc, ils quittent l’Espagne mais la désillusion est totale : ils vivront le restant de la guerre dans des conditions très difficiles étant hébergés dans un box de garage.

A la fin de la guerre, la famille rentre en France. Henri qui a eu une scolarité plus que chaotique et hachée passera son baccalauréat puis différents diplômes universitaires, sera enseignant en lycée puis chercheur au CNRS.

Isaak et Victoria MECHOULAM, les grands-parents d’Henri, qui s’étaient réfugiés à Cognac, seront arrêtés par la police française à leur domicile, rue de l’Echassier, internés à Poitiers, transférés sur Drancy puis déportés par le convoi 46 du 09 février 1943.

C’est Edouard qui s’occupera après-guerre des formalités administratives auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Dossier d’étranger d’Elise MECHOULAM [ADLA 4M938]

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