Haïm Youda (prénom usuel Vidal) ANGEL est né le 15 novembre 1908 à Smyrne (Turquie) grande ville turque située au bord de la mer Egée [Père : ANGEL Isaac et Mère : Sarota dite Sarah ADATO]. Isaac et Sarah vont avoir sept enfants dont Vidal (Esther née en 1901, Salomon né en 1903, Suzanne née en 1905, Jacques né en 1910, Angèle Rica née en 1911, Joseph né en 1914). Les aînés apprennent le français dans une école de l’Alliance Israëlite Universelle créée par des Juifs français au XIXème siècle. Isaac est sabotier puis représentant. Au moment du déclenchement de la première guerre mondiale, Isaac est incorporé dans l’armée turque et meurt du typhus en 1919. Sarah ANGEL connaît des moments difficiles, veuve avec 7 enfants, et toute la famille migre en France en 1922. Vidal ANGEL habite chez ses parents au 63, rue Sedaine dans le 11ème arrondissement à Paris de 1922 à 1925. Il commence à travailler à l’âge de 15 ans comme marchand forain puis va occuper de 1925 à 1927 un emploi d’ouvrier modeleur à la Fonderie Jacques au 39, rue Popincourt dans le 11ème arrondissement à Paris. C’est là qu’il prend son indépendance et va habiter au 24 bis avenue Georges Clémenceau à Nanterre.
De 1927 à 1929, il reprend le métier de marchand forain, déménage et habite au 11 rue Pache (11ème arrondissement) à 10 minutes à pied de sa mère. Il n’y réside que peu, quelques jours par trimestre, mais cette proximité permet à Vidal de rester en contact avec sa famille.
Le 02 mars 1929 [Paris, 11ème arrondissement], il se marie avec Lucie AROUETE (prononcé Arouété) [Père : AROUETE Samuel, commerçant et Mère : Ora (ou Oro) ADATO] née le 11 novembre 1909 à Paris (11ème arrondissement), Vidal a alors vingt ans et Lucie 19 ans. Juste après leur mariage et jusqu’en 1936, le couple qui n’aura pas d’enfant va être domicilié au 53, rue Sedaine à Paris (11ème].
![Acte mariage ANGEL/AROUETE [Archives Municipales du 11ème arrondissement]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/08/actemariageangelvidal.jpg)
Lucie perd de fait sa nationalité française en se mariant avec Vidal, citoyen turc, mais celui-ci effectue une demande de naturalisation en 1936 qu’il obtient par décret du 22 janvier 1937. Lucie est alors réintégrée dans la nationalité française. Le couple a entre temps déménagé à Longwy (Meurthe-et-Moselle) au 4, rue du Colonel Merlin tout début 1935. Vidal quitte son emploi de marchand forain pour cette fois-ci s’installer dans une boutique de lingerie/bonneterie qu’il tient au 41 bis, rue de l’abbé Henrion en 1936 : « Au Soldeur Parisien ».
![Certificats de résidence Dossier de naturalisation de Vidal ANGEL [AN 19770889/263 dossier n°21659X36]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2021/05/19angelvidalannat19770889-263-21659x36.jpg?w=752)
A l’entrée en guerre, Vidal est mobilisé (80ème Régiment d’Infanterie), est blessé gravement aux yeux [opéré] et revient fin septembre 1939 rejoindre Lucie à Pornic quai Leray. Les populations civiles de l’Est de la France ont été évacuées dès l’entrée en guerre dans un premier temps dans les villes des départements de l’Est les plus éloignées de la ligne Maginot puis dirigées dans des départements assignés où qu’elles choisissent. Il semblerait qu’une relation professionnelle ait permis au couple de profiter d’une opportunité pour se diriger vers le département de Loire-Inférieure. Vidal et Lucie sont rejoints par Salomon, son frère avec son épouse et ses sept enfants venant de Lille qui logent à Pornic/Tharon-Plage ainsi que par sa mère Sarah (née en 1877) et par sa tante Oro (née en 1881) et son oncle Samuel époux de Oro né en 1885 venant de Paris qui eux logent à Gourmalon à Pornic, Villa Les Genêts. C’est donc un total de 14 personnes qui se retrouvent vers Pornic/Tharon en septembre/octobre 1939.
Entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940, tous les Juifs doivent se faire recenser auprès des préfectures/sous-préfectures/mairies/commissariats des lieux où ils habitent. Vidal se fait recenser le 08 octobre 1940 auprès de la Préfecture de Loire-Inférieure.
Son nom va être reporté sur la liste dactylographiée de l’arrondissement de Saint-Nazaire où il est enregistré sous le numéro 142.
![Extrait liste dactylographiée recensement 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/08/angelvidalrecensement.jpg)
Suite à la deuxième ordonnance allemande du 18 octobre 1940, Vidal est obligé de déclarée son entreprise comme « Juive » auprès des autorités préfectorales et c’est ce qu’il fait le 13 novembre 1940. Il déclare son commerce de Longwy, il lui est désormais interdit de le tenir, un administrateur provisoire sera nommé et le commerce sera vendu.
Ordonnances allemandes [ADLA 1694W20]




Déclaration entreprise juive [ADLA 1694W23]





A l’automne 1940 puis en décembre 1942, le tampon juif est apposé sur les cartes d’identité et cartes d’alimentation. Vidal ANGEL est venu récupérer la sienne le 05 novembre 1941.
Registre de distribution des cartes d’alimentation [Archives Municipales de Pornic, H15]


Le couple va faire l’objet d’une révision de naturalisation en janvier 1941 mais comme il a été mobilisé à l’entrée en guerre et que l’administration le croit encore sous les drapeaux en zone non-occupée, la dénaturalisation n’aura pas lieu.
Vidal et Lucie ANGEL sont arrêtés le 16 juillet 1942 à leur domicile.
Ils sont transférés sur Nantes puis au Grand Séminaire à Angers et inscrits sur la liste de départ du convoi numéro 8 d’Angers à Auschwitz.
Vidal ANGEL n’a pas été déporté par le convoi numéro 8 d’Angers à Auschwitz. Le convoi numéro 8 est un convoi particulier dans lequel est censé se trouver uniquement des personnes en âge de travailler. Les enfants (accompagnés du père ou de la mère ou du grand-père ou de la grand-mère) sont dirigés vers le camp de La lande à Monts près de Tours ainsi que les personnes de plus de 55 ans. Par ailleurs, 14 hommes et 15 femmes sont rayés de la liste du convoi pour être déposés à Drancy. Les raisons de cet arrêt restent à ce jour inconnues. Comme le souligne Serge Klarsfeld, il peut s’agir d’un arrêt du à un problème de nationalité et par ailleurs, ces 29 personnes sont pour la plupart très âgées. Vidal s’est arrêté à Drancy (peut-être du à son grave problème d’oeil du à sa blessure de septembre 1939) et a été enregistré dans le camp de Drancy sous le numéro matricule 26020.
Fiches d’internement du Camp de Drancy [Archives Nationales, F9/5676]


Vidal ANGEL a très probablement été déporté de France (numéro de convoi inconnu) et a été sélectionné à Auschwitz pour rentrer dans la partie concentrationnaire du camp. Les quelques listes ou fiches d’enregistrement retrouvées en 1989 atteste qu’il y est décédé le 10 mars 1943. Vidal avait 34 ans.
Sarah ANGEL ainsi que Monsieur GRIMAUX de Pornic recevront une lettre de Haute-Silésie en 1943.
Ce document est issu des archives du Service 36 de l’UGIF. Les courriers envoyés par des détenus des camps de concentration (majoritairement Auschwitz et ses satellites), ont été envoyés à l’UGIF qui avait à charge de les enregistrer avant de les faire suivre à leurs destinataires. Dans ce fonds se trouve le fichier de suivi des courriers ainsi que les courriers qui n’ont pu être remis. (CDJC, en ligne)
Son épouse Lucie est elle déportée par le convoi numéro 8 d’Angers à Auschwitz le 20 juillet 1942, le train y arrivant le 23 juillet. En l’absence d’information, elle a été déclarée « Morte en déportation » 2 jours après l’arrivée du convoi. Lucie avait 32 ans.
En août 1942, Sarah ANGEL, la mère de Vidal, apprenant les arrestations, écrit au Préfet de Loire-Inférieure pour savoir où se trouvent les familles arrêtées.
Lettre de Sarah ANGEL au Préfet de Loire Inférieure du 13 août 1942 [ADLA 1694W25]


Alors que la lettre de Sarah ANGEL montre une profonde détresse face aux arrestations de sa famille, la réponse du Préfet de Loire-Inférieure est brutale dans sa froideur administrative.


Une plaque en mémoire de la famille ANGEL a été inaugurée en avril 2018.

Un témoin direct a réuni une importante documentation à cette adresse : http://cetaitautemps.e-monsite.com/pages/autour-d-esther-angel/vidal-angel-et-lucie-arouete.html dans laquelle nous avons repris quelques éléments.
Sarah ANGEL s’occupera des formalités administratives après-guerre de l’ensemble de la famille dont Vidal et Lucie auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre aidé par son fils Jacques ANGEL.
bonjour, mes grands parents Jacques AROUETE et Rachel YERSEROUN, habitaient LILLE. Ils étaient confectionneur. Si ma mémoire est bonne mon grand père avait pour frères Vidal et Samuel. Si vous pensez qu’il d’agit de la même famille vous pouvez me contacter. Michelle DOURSOUX née LEREAH
mon grand père était Vidal Arouété et son frère Samuel. Nous sommes très certainement de la même famille. J’aimerai beaucoup que l’on se parle.