Fajga (dite Félicia) ROCHMAN est née le 21 février 1914 à Michów , un petit village près de Lublin dans l’est de la Pologne et arrive en France en 1937. Elle se marie religieusement le 24 octobre 1939 à Paris (XIème arrondissement) avec Salomon (dit Simon) WEBERSPIEL né le 13 juin 1918 à Chelm (Pologne), le rabbin Salomon GOLDENKIRCH étant témoin du mariage.
Salomon exerce alors la profession d’employé de commerce alors que Félicia exerce la profession d’infirmière et ils habitent tous les deux 16, cité Popincourt dans le 11ème arrondissement à Paris.
![Acte mariage WEBERSPIEL/ROCHMAN [Archives de Paris, Etat civil, 11M581, en ligne]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/04/archives_ad075ec_11m581a_0031.jpg)
Salomon est arrivé à l’âge de 4 ans en France, en 1922, avec ses parents Hersz et Léa et ses frères et soeurs et toute la famille réside à Lunéville (Meurthe-et-Moselle). Fajga, alors enceinte, rejoint le reste de famille à La Baule et loge dans les annexes de l’hôtel Royal avenue Duruy, logements réservés habituellement au personnel saisonnier de l’hôtel. Elle met au monde Paul-Emul à Saint-Nazaire né le 17 avril 1940. Salomon, engagé volontaire en 1939-40 en tant que soldat de 2ème au 35ème RAD (régiment d’artillerie), bénéficie d’une autorisation et rejoint sa femme pour l’accouchement.
![Base des prisonniers de guerre 1939-1940 [En ligne]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/04/weberspielsimon.jpg)
Une convention d’assistance existait entre la Pologne et la France pour des étrangers ayant séjourné plus de 5 ans en France. Hospitalisée à Saint-Nazaire (peut-être pour l’accouchement de Paul-Emul), elle va bénéficier de cette assistance.
Demande d’assistance [ADLA 3W1659]


A son arrivée à La Baule, après l’accouchement, le couple loge successivement Villa Chanteclerc avenue des Pins (avec le reste de la famille) en avril 1940 puis avenue Josselin (octobre 1940) et Salomon remplit la déclaration pour étrangers.

Dossier de Salomon WEBERSPIEL Police de Sûreté [Archives Nationales, 19940484/0045]






Entre le 27 septembre et le 20 octobre 1940, Félicia se déclare en tant que Juif auprès du commissariat de La Baule sous le numéro 59 (ou sous-préfecture de Saint-Nazaire), Salomon ayant quitté l’arrondissement.
![Extrait liste dactylographiée recensement [ADLA 1694W25]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/04/weberspielfajga.jpg)
Elle et son fils (ainsi que tout le reste de la famille) quittent La Baule le 26 novembre 1940 sur ordres des autorités allemandes pour Nantes puis expulsée de Loire-Inférieure, elle rejoint le Maine-et-Loire, d’abord dans la commune de Saint-Georges-sur-Loire puis Ingrandes puis celle de Saint-Mathurin-sur-Loire le 29 novembre 1940. Elle tente de franchir la ligne de démarcation avec son fils Paul-Emul, son beau-père Hersz WEBERSPIEL, sa belle mère Léa, son neveu Moszek (Maurice) et sa nièce Rachel (Michèle). Tout le monde est arrêté et interné à la prison militaire d’Orléans, envoyé sur le camp de Pithiviers le 18 août 1942 puis internée au camp de Drancy le 22 août 1942. Alors que le reste de la famille est déportée, elle est renvoyée avec son fils sur le camp de Pithiviers le 01 septembre 1942 puis internée au camp de Beaune-la-Rolande le 24 septembre 1942 pour être finalement réinternée sur Drancy le 27 septembre 1942.
Fiches d’internement de Félicia WEBERSPIEL Beaune-la-Rolande, Drancy, Pithiviers [Archives Nationales]







Fiches d’internement Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers de Paul-Emul WEBERSPIEL [Archives Nationales]








Cahier Mutation Drancy 15 septembre 1942-15 décembre 1942 [Archives Nationales, F9/5778]
Félicia, 28 ans et son fils Paul 2 ans et demi sont déportés par le convoi numéro 48 de Drancy à Auschwitz le 13 février 1943 et ont été gazés à l’arrivée au camp.
Salomon, qui a été fait prisonnier de guerre et qui fait partie de la liste des prisonniers de guerre au 18 décembre 1940, est libéré et entre dans la résistance et fera partie des bataillons FTPF. Il sera sergent-chef de groupe à la compagnie 93-35 à la Chapelle-Rambault (Haute-Savoie), Belfort, le Tuyau (Vosges)… puis entre dans la compagnie Alsace-Lorraine. Il entre au FTPF le 09 mars 1944 et est démobilisé à Annecy en mai 1945. Il rentre dans ses foyers dans la foulée et va résider un temps au 4, rue de Lorraine à Lunéville (le domicile de son père). Il effectue une demande de carte d’identité de travailleur industriel le 28 août 1945 souhaitant reprendre l’activité professionnelle de son père brocanteur. Il quitte le 4, rue de Lorraine à Lunéville le 30 avril 1947 pour se rendre à Paris rue Doudeauville (Roger WEBERSPIEL, fourreur, y réside au numéro 47 et a été témoin lors de son mariage).
Dossier d’étranger de Salomon WEBERSPIEL [Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle]














Dossier d’étranger de Fajga WEBERSPIEL [ADML 120W65]














