Laja CUKIER avec sa fille sont réfugiées à Saint-Nicolas de Redon au moins à partir du 23 juillet 1940.
Laja CUKIER née HUFAJZEN est née le 3 août 1910 à Mogielnica (Pologne) [Père : Jankiel HUFAJZEN et Mère : Malka FUDEM]. Arrivée en France le 25 décembre 1937 par la Belgique, son voyage en autocar ayant été organisé par son père, elle loge dans un hôtel et déménage le 08 janvier 1938 au 90 rue Philippe de Girard dans le quartier de La Chapelle dans le 18ème arrondissement à Paris avec son futur mari Icek CUKIER né le 04 février 1912 à Słupca (Pologne).
Icek effectue une demande de naturalisation en avril 1934. Arrivé en France le 14 février 1929 avec toute sa famille (parents + ses trois soeurs (Rosa, Minla et Golda), il réside dans un premier temps avec ses parents Mendel et Ester à Remiremont (Vosges) avant de résider à partir de 1934 au 110 boulevard de Ménilmontant dans le 20ème arrondissement à Paris jusqu’en 1936 où il réside 22 rue Basfroi dans le 11ème arrondissement. Icek ne sera pas naturalisé (présence en France de moins de 5 ans).
Le couple donne naissance le 06 novembre 1938 à Ester (ou Esther), Malka à Paris (10ème arrondissement).
Icek exerce la profession de livreur à la Maison HERSZHORN 28, rue Saint-Sébastien dans le 11ème arrondissement à Paris (octobre 1939).
Interdite de séjour pour je cite « Entrée clandestinement, sans ressources. Présence sans aucun intérêt. Comme elle n’a fait jusqu’ici aucune démarche en vue de son mariage, il y a lieu de notifier un refus de séjour« , la Préfecture de Police sursoit à l’expulsion en octobre 1939 eu égard au fait qu’elle a déjà un enfant et qu’elle souhaite se marier.
Elle se réfugie au mois de juillet 1940 dans le département de Loire-Inférieure d’abord à Plessé puis à Saint-Nicolas de Redon dans le bourg, enceinte au moment de son arrivée, avec sa petite fille de 19 mois, Ester. Icek Mayer CUKIER est lui mobilisé en 1939 au 6ème Régiment Etranger d’Infanterie et se trouve dans le 3ère Régiment de Marche des Volontaires Etrangers au camp de Barcarès (Pyrénées-Orientales) en janvier 1940.
Le 23 juillet 1940, elle effectue une demande carte d’identité pour étranger auprès de la mairie de Saint-Nicolas de Redon et quitte Saint-Nicolas de Redon pour rejoindre son domicile : 90, rue Philippe de Girard dans le 18ème arrondissement à Paris.
A son retour à Paris, naît Anna le 19 octobre 1940 dans le 18ème arrondissement.


Laja, Ester et Anna sont arrêtées le 04 février 1944. La fiche ci-dessous a servi lors de la rafle dite du Vélodrome d’hiver par les agents de police de la Préfecture de police ou des commissariats les 16 et 17 juillet 1942. La mention dactylographiée RECHERCHE sur la fiche indique que la personne mentionnée n’a pas été trouvée à son domicile lors de la rafle.
D’après la déclaration de madame MACON, ex-concierge de l’immeuble, les responsables de l’arrestation serait la Milice.
Les trois membres de la famille arrivent à Drancy le jour même et sont enregistrés dans le camp sous les numéros 13995, 13996 et 13997.




A son arrivée à Drancy, Laja CUKIER est dépossédée de tous ses biens, à savoir la somme de 4000 francs (vraisemblablement toutes ses économies) et un bracelet montre en métal jaune.
Laja et ses deux filles Ester et Anna sont déportées par le convoi 68 du 10 février 1944.
![Liste convoi 68 [Memorial de la Shoah, en ligne]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2021/10/cukierlajaconvoi68-10fevrier1944.jpg?w=560)

Laja 33 ans, Ether 5 ans et Anna 3 ans et demi ont été exterminées à Auschwitz.
Icek n’a pas été déporté. Affecté dans un régiment étranger rattaché à la Légion Etrangère en 1939/1940, le 6ème REI, dont une partie se dirige sur le Liban, il est présent en 1946 à Beyrouth. C’est de là qu’il écrit au moins deux lettres l’une le 15 août 1946 et l’autre le 30 octobre 1946 et supplie toutes les autorités pour retrouver ses deux filles et son épouse qu’il espère toujours vivantes
Lettre d’Icek-Mayer CUKIER au Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre du 15 août 1946


Lettre d’Icek-Mayer CUKIER au Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre du 30 octobre 1946



Il associe également dans ce courrier sa soeur Golda CUKIER épouse BRAJTERMANN, son beau-frère Isaac BRAJTERMANN, son neveu André BRAJTERMANN et sa deuxième soeur Mindla CUKIER [ZABIZNY] dont le mari a été prisonnier de guerre. Tous ont été déportés de France vers Auschwitz d’où ils ne sont pas revenus.
Icek Mayer déposera des demandes auprès du Ministère des Anciens Combattants et Prisonniers de Guerre pour rectification des actes d’état civil et obtention des statuts de déporté politique après-guerre.