![Isaac FLORIS 1937 [ADLA 4M928]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/10/09florisisaacadla4m6641937.jpg?w=1024)
![Djoya FLORIS 1937 [ADLA 4M664]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/10/06florisdjoyaadla4m6641938.jpg?w=1000)
![Robert et DAVID FLORIS [ADLA 4M928]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/10/12florisisaacdossetr4m928.jpg?w=854)
Eléments biographiques :
Isaac FLORIS est né en 1898 à Constantinople (Turquie) [Père : Isaac Robert FLORIS, mère : Esther ALAMAN] et est arrivé en France en 1919. Il se marie avec Djoya FLORIS née BEHAR [père : Nissim BEHAR et mère : Estréa LEVY] née le 15 décembre 1900 à Constantinople également. Trois enfants naissent de cette union : Robert né le 09 juillet 1927 à Paris (11ème arrondissement), David Fernand né le 12 mars 1932 à Paris (12ème arrondissement) et Jacqueline née le 04 décembre 1936 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Isaac et Djoya se sont mariés le 26 avril 1924 à Paris (11ème arrondissement). ils résident tous les deux 24, rue Popincourt au moment de leur mariage (11ème arrondissement) et tous les deux exercent le métier de tapisser (fabrication ou réparation de tapis).
![Acte de mariage d'Isaac FLORIS et de Djoya BEHAR [Archives de Paris, 11M523]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/11/mariagefloris-behar11m523.jpg?w=1024)
L’arrivée en presqu’île :
Arrivé à Saint-Nazaire en 1934 [carte d’identité de 1934], il s’enregistre auprès du Tribunal de commerce de cette même ville comme marchand ambulant en tissus (16 mars 1939) et sur la liste de recensement, il exerce la profession de tapissier. Il réside alors 27, rue Marceau puis réside au 20, place Marceau à Saint-Nazaire [renouvellement de carte d’identité au 30 octobre 1939].

Robert et David sont scolarisés dans les écoles de la ville. Robert est scolarisé à l’Ecole Waldeck Rousseau et obtient son Certificat d’Etudes en juin 1940.
Lors du recensement du 27 septembre au 20 octobre 1940, Isaac FLORIS se déplace à la sous-préfecture de Saint-Nazaire et se déclare comme Juif sous le numéro 49.
![Extrait liste dactylographiée recensement au 08 novembre 1940 [ADLA 1694W25]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/01/florisisaacrecensement.jpg)
Conformément à la 2ème ordonnance allemande, Isaac FLORIS déclare son entreprise auprès des services de la sous-préfecture de Saint-Nazaire le 12 novembre 1940.
Le 3 décembre 1940, dans le cadre de l’aryanisation des commerces, l’administrateur provisoire, Gabriel HERVOUËT, arbitre de commerce à Saint-Nazaire, fait poser les scellés sur le stock de marchandises et le 04 décembre 1940, un inventaire est dressé.
Estimé en tout à 995 francs, le stock est vendu 800 francs soit 25% en moins à Monsieur LALLIER rue de l’amiral Courbet à Saint-Nazaire et qui règle comptant au mois de mars 1941 après accord des autorités allemandes dans un premier temps puis accord de la préfecture. Issac FLORIS estime que l’estimation et donc le prix de vente est bien en-deça de la valeur réelle des marchandises mais acceptera faute de mieux la vente.
Isaac FLORIS est radié du registre du commerce et du rôle de la patente et sa licence de marchand forain est annulée.
Le produit de la vente d’un commerce aryanisé est acté par notaire, l’argent est dans un premier temps versé sur le compte de l’administrateur provisoire puis versé sur un compte de la Caisse des Dépôts et Consignations, 10% est versé sur un compte à destination du Commissariat Général aux Questions Juives et une somme forfaitaire correspond à 1/6 de la rémunération de l’administrateur provisoire est versée sur un compte allemand à la Barclay’s Bank. En théorie, une partie du produit de la vente peut être versée au propriétaire sur sa demande sous forme d’aide et après accord de la Préfecture. Dans les faits, très peu en bénéficieront.
Isaac FLORES quitte Saint-Nazaire entre le 25 septembre et le 25 octobre 1941.
Son épouse avait quant à elle quitté la presqu’île un peu plus tôt également pour Paris entre le 26 mars et 25 avril 1941.
![Contrôle de déplacement des Etrangers 29 avril 1941 [ADLA 1803W106]](https://shoahpresquile.files.wordpress.com/2019/01/0401etrangerscontrôleadla1803w106avril941-1.jpg)
Les parents FLORIS se cachent à Paris tandis que deux enfants sont placés en Sarthe durant la période 1941-1945, le troisième plus âgé s’engageant dans les FFI :
Récit d’entretien avec la famille FLORIS
Nous, ce qui s’est passé, c’est qu’on est parti à Paris.
Alors votre père est arrivé en France à quelle date ?
Alors ma mère est arrivée, elle avait 18 ans, donc comme elle est née en 1900, c’est 1918 et mon père était déjà en France.
Il est arrivé avec ses parents ?
Ah non, il est arrivé tout seul et il travaillait pour la réparation de tapis à l’époque à Paris et ma mère quand elle est arrivée en 1918, elle est arrivée chez son frère et là elle a commencé à travailler avec mon père dans cet atelier. Après, ils se sont mariés.
Ils n’ont jamais été naturalisés ?
Non, ils ont fait la demande mais ça leur a été refusé. Ils ont fait la demande après-guerre.
Alors à Saint-Nazaire vos parents habitent dans le quartier Marceau rue puis place Marceau ?
Oui, c’est ça, mon oncle et ma tante Zelda, nous on l’appelait la tante Zelda, Zelda est la sœur de Djoya [NDLR, Zelda est Zumboul ALTABEF] sont venus à Saint-Nazaire peu de temps après. Mon père d’ailleurs s’appelait Isaac mais on l’appelait Joseph, sur les marchés, on disait le père Joseph.
Donc votre père était marchand ambulant sur la place Marceau ?
Oui mais il faisait aussi d’autres marchés : Guérande, Pontchateau, il faisait plein de marchés. Après la guerre, on a eu une Rosengart. Je me souviens, quand on est revenu sur Pornichet après la guerre, j’étais assise derrière avec Maman, mon frère était assis devant avec mon père et il y avait des paquets dans toute la voiture, c’était une sacrée expédition, il n’y avait pas d’autoroutes à l’époque.
Il avait son stock de marchandises au grenier, il vendait de la bonneterie, il allait avec un truc à bras, il mettait la marchandise dedans… Après tout a été vendu.
…
Je sais que mon père avait des tentures chinoises, des tapis orientaux mais on a tout récupéré. Mon père n’a pas réclamé quoi que ce soit. En plus, il a eu confusion entre Floris et Florès. Nous, notre nom, en vérité ; c’est Florès mais mon père quand il est arrivé en France, il ne savait pas lire ni écrire. On lui a dit FLORIS, F.L.O.R.I.S., et lui il a dit oui tout le temps.
Et donc vous rejoignez Paris ?
Oui, on va rejoindre Paris et loger 120, rue d’Avron à l’Hôtel Printania, c’est à côté de la porte de Montreuil, vous avez les puces à côté, l’hôtel existe toujours, c’est dans le 20ème arrondissement. Alors on est tous les cinq à l’hôtel. Et à ce moment-là, comme mon père c’était le seul avec mon oncle Albert [NDLR : Albert LEVY], tous les autres hommes avaient été déportés, c’est mon père qui s’occupait de placer les enfants, avec sa sœur qui était française, ils se sont arrangés pour nous placer en Sarthe. on a été placé en Sarthe, dans les fermes, chez les paysans, c’était après la rafle du Vel d’Hiv parce qu’avant on était en pension à Fontenay-sous-Bois. Ils ont commencé à déporter à Vincennes les enfants juifs qui étaient chez les bonnes sœurs. Alors mes parents ont eu peur et c’est là qu’ils nous ont fait partir en Sarthe.
Et vous deux frères ?
Mon jeune frère était avec moi et mon frère aîné porte l’étoile et c’est lui qui s’est engagé dans les FFI. .
Et votre père, comment-a-t-il fait pour vous faire partir en Sarthe ?
On est parti en train avec ma tante. Ils ont recherché des gens en Sarthe qui voulaient bien accepter des enfants juifs. C’est mon père et sa sœur, ma tante Kaden, Kaden FLORES parce qu’elle n’était pas mariée.
Vous vous souvenez du village où vous étiez ?
Oh oui, Saint-Vincent des Prés. J’y suis allé avec mon mari, oui, revoir. Les gens étaient adorables sauf qu’il s’est passé une chose, faut que je vous explique. Il y a eu un camp d’allemands qu’est arrivé qui s’est mis, alors là je peux pas vous dire si c’était deux jours, trois jours, il s’est mis en face de là où on était avec mon frère. C’était pas une ferme, c’était une maison de paysans avec un jardin. C’étaient des vieilles personnes, lui il était vieux et elle, elle portait la coiffe. Ils s’appelaient SAUVAGE, je l’appelais Mamiette. Alors le camp s’est mis là et comme le monsieur et la dame ils étaient âgés, ils ont eu peur. Alors ils avaient fait des tranchées, on était pas loin du Mans, tous les paysans du coin avaient fait des tranchées et elle nous descendait le matin, ça je m’en rappelle avec à manger et elle nous disait surtout de ne pas bouger. Alors le soir, elle attendait la nuit et elle nous rerentrait. Combien de temps ça a duré ? Je ne sais pas. J’ai le souvenir qu’il ne fallait surtout pas bouger parce qu’il y avait les allemands.
C’était des gens dévoués.
Alors j’ai un autre cousin qu’était placé dans une ferme et Renée et son frère Gilbert, les jumeaux étaient placés dans une maison.
Dans le même village ?
Oui, dans le même village. C’était les enfants de Kaden, Renée et Gilbert FLORES. Et il y avait les enfants de l’autre sœur qui s’appelait Suzanne. Roger qui était également caché. Roger HAÏM. Et on était très amis avec les gens, lui c’était un vétérinaire, il s’appelait CHOQUET. Et sa femme nous promenait avec sa fille en calèche.
Et vous alliez à l’école ?
Oui, à l’école communale de Saint-Vincent des Prés. On y allait à pied.
Alors votre père vient vous rechercher à la fin de la guerre ?
Alors oui, à ce moment-là on était monté au Mans chez la fille de ces gens-là. On était au Mans et donc les camions venaient pour aller sur Paris. Et donc mon père est venu pour nous chercher. Et donc moi comme j’étais petite, toute la journée à traîner à attendre les camions, il m’a ramené chez les personnes et à ce moment-là lui est parti avec mon frère. Il sont revenus me chercher à Saint-Vincent et on a été à La Baule.
Alors après on est parti en Israël, on a vécu 9 mois en Israël dans un camp en 1947. Ils voulaient tous repartir, c’était le pays à construire. Maman, elle faisait souvent les peluches et mon père était marchand de chaussures, il faisait les chaussures comme il pouvait. Et quand il est reparti, il a tout laisser là-bas. Et on est rentré en France et on a vécu à Paris. Mon frère Robert, lui il avait été dans les FFI et ma petite belle-soeur qui commençait à sortir avec lui s’était mise avec lui. C’était Maman qui est devenue sa marraine parce qu’elle avait personne, ses tantes ne s’étaient pas occupé d’elle, elle avait été prise par une assistante au lycée où elle était au lycée à Vincennes, on lui donnait à manger gratuitement, ses parents avaient été déportés, c’est la femme de Robert, Irène BURG. Alors oui on rentre en France, on avait une petite chambre d’un oncle, son frère avait été déporté, on avait les clés, on est venu vivre dans cette petite chambre mais à 4, moi je dormais au pied de mes parents. Alors là mon père a dit : « c’est pas possible, on ne peut pas rester comme ça ». Je pars avec David, on va à Pornichet. Mon père a commencé à faire la chine et après ils ont décidé de faire les marchés. Il a pris une voiture, une Rosengart. Ca, c’est après-guerre, avant-guerre, c’était avec la baladeuse puisqu il emmenait mes deux frères sous des couvertures pour venir voir ma mère à l’hôpital [NDLR : au moment de la naissance de Jacqueline]. On revient sur Pornichet et on vivait à l’Hôtel de l’Océan, on avait un appartement à l’étage. J’allais à l’école à Pornichet et j’ai passé mon certificat d’études à La Baule. Robert, mon frère aîné, lui était resté sur Paris puisque c’est lui qui s’est arrangé qu’a vendu ses bagues. Enfin… Mon père avait acheté pour mes deux frères, à l’âge de 14 ans, un brillant monté en jonc et il a vendu ça pour nous faire revenir en France pour pouvoir avoir les billets. Il était déjà avec Irène et ils avaient déjà Bernard. Après David, il est parti à l’armée faire son service militaire.
Ah je retrouve le nom où Roger était, il était chez Mme CREMILLON à Saint-Vincent des Prés. C’est une ferme là. Alors nous chez les Sauvage, c’était les SAUVAGE.
C’était dans le bourg de Saint-Vincent des Prés ?
Ah non pas tout à fait, ce n’était pas une ferme. C’était un petit peu sur la route. Il y avait un grand bâtiment, il y a avait un locataire, c’était une femme seule, son mari était prisonnier avec deux garçons et puis nous, on était à côté.
Mon père, après la guerre, s’est occupé beaucoup d’enfants de la fondation ROTSCHILD. Il y avait des enfants qui mangeaient à la maison. Il était un peu militant mais je ne sais pas s’il faisait partie d’association communautaire. C’est la tante Kaden qui nous a emmené en Sarthe à Saint-Vincent. Je sais que lui à Paris, il est passé par les toits mais j’étais toute petite…
Et en Sarthe ?
On vivait dans une grande pièce, eux [les SAUVAGE] ils dormaient par là et nous on dorrmait, il y avait deux gros lits, de l’autre côté avec mon frère. Je sais qu’ils allaient au marché à Mamers.
Et pendant ce temps-là, vos parents à Paris ?
Je ne sais pas. Ils étaient turcs, donc automatiquement, ils étaient un peu plus protégés. Nous à Saint-Vincent, on était 5 : il y avait René, Gilbert, Roger, David et moi. Mais il y a quelque chose que je ne vous ai pas dit. Mon frère Robert, qui s’était mis dans les FFI, il portait la chemise kaki et quand les allemandes partaient, à la porte de Montreuil où on habitait, chez nous, on avait des volets en fer à l’époque. Et mon frère s’est mis comme ça pour regarder et il y a un allemand qui l’a vu et qui a tiré. Et heureusement, il a tiré dans le volet. Mais ça a traversé, on avait le trou dans la maison. C’était à la Libération.
Et pour ma tante, Zelda, quand ils sont venus la chercher, elle a été arrêtée à Paris, rue des Boulets. Et c’est la concierge qui les a dénoncés pour pouvoir récupérer l’appartement. C’est mon oncle Albert et ma tante Elisa qui ont gardé Edmond [David] et Régine pendant un certain temps et après Raymond a été mis à Rotschild. Leur nom de famille, c’est Levy. Moi, c’est Maman qui m’a raconté. Ils ont été emmené au commissariat rue du chemin vert (11ème arrondissement). Parce que j’y suis allé et j’ai vu l’endroit où on arraché les enfants des bras de ma tante. Ca, ça me restera toujours, j’étais petite pourtant.
Vous étiez là ?
Oui, avec Maman parce qu’on était avec ma tante Elisa qui récupérait les enfants. Puis on est parti en pension à Fontenay-sous-Bois et j’étais avec ma cousine [Régine] et Edmond [David] est parti à la société Rotschild et il est resté jusqu’à la fin de la guerre et c’est après qu’il est revenu chez ma tante Elisa.
En pension, on est pas resté longtemps. Et Régine, elle retourne chez ma tante Elisa. Régine, elle a eu sûrement un choc terrible.
Ma mère avait cinq sœurs : Etréa (Esther), Elisa, Djoya, Rebecca et Zelda (Zumboul).


Renouvellement de carte d’identité pour étrangers 28 février 1934 [ADLA 4M664]
Renouvellement de carte d’identité pour étrangers 01 avril 1934 [ADLA 4M664]
Renouvellement de carte d’identité pour étrangers 12 février 1937 [ADLA 4M664]
Dossier d’étranger d’Isaac FLORIS [ADLA 4M928]
Demande de carte d’identité pour étrangers du 02 mars 1936 de Djoya FLORIS [ADLA 4M664]
Demande de carte d’identité pour étrangers du 10 mars 1938 de Djoya FLORIS [ADLA 4M664]