SERVOS Alice, Jeanne (NR)

Alice SERVOS est née le 13 novembre 1899 à Esch-sur-Alzette au Luxembourg tandis que sa soeur Thérèse, Jeanne (ou Johanna), prénom usuel Jeanne est née le 21 septembre 1898 à Ettelbruck (Luxembourg). [Père Philipp et Mère : Cecilia Sara KAHN]. Elles sont par ailleurs deux autres soeurs : l’aîné Bianca née le 15 septembre 1897 à Esch-sur-Alzette et Camilla née en 1901. Les deux soeurs exercent la profession de Fabriquant en produits chimiques.

Près de 4000 personnes juives vivaient au Luxembourg en 1940, une soixantaine ont survécu à la guerre parce qu’elles étaient mariées à des non-juifs. Le 10 mai 1940, jour de l’invasion allemande, quelques centaines de familles juives ont fui vers la France et la Belgique. En septembre 1940, lorsque les lois raciales ainsi que d’autres mesures antisémites ont été introduites, 1800 Juifs vivaient encore au Luxembourg. C’est alors qu’ont commencé les expulsions puis, à partir du 16 octobre 1941, les déportations vers l’Est, dans les camps de concentration et d’extermination. Au total, 658 personnes considérées comme juives ont été déportées depuis le Luxembourg. 46 d’entre elles ont survécu à la Shoah, ce qui correspond à un taux de survie d’environ de 7%. Source : https://www.memoshoah.lu/wpmsl/index.php/introduction/

Jeanne et Alice sont donc vraisemblablement expulsées du Luxembourg et se rendent à La Baule où elles logent à partir du 1er octobre 1940 dans la villa « Les Tulipes » au 14, avenue Bouchardat.

La propriétaire de la villa, la marquise DE MATHAM, réside quant à elle à Saint-Pierre de Semilly à côté de Saint-Lô dans le département de La Manche. La location de la villa est assurée par une agence de location. La villa est réquisitionnée par les autorités allemandes à compter du 25 août 1943 au profit de la Kriegsmarine. Lors de cette occupation, un ordre de réquisition est rédigé et la marquise de MATHAM précise : « Nous serions désireux si la chose est possible qu’un huissier fasse l’inventaire de la villa car depuis l’arrestation récente, sur place, de Melles SERVOS, nos locataires depuis le 1er octobre 1940, le contrôle de l’inventaire du mobilier et du matériel n’a pu être vérifié« .

Archives Municipales de La Baule, 4H3/90

Alice et Jeanne ont été arrêtées par le SIPO-SD de La Baule ou de Pornichet à la fin du printemps 1943 ou au plus tard au cours de l’été. Un rapport du Sipo-SD d’Angers précise : « Les sœurs Servos ont été arrêtées pour avoir tenté de faire chanter des responsables allemands de la Wehrmacht. Elles ont été jugées par la cour de la branche côte atlantique de La Baule dem Hies. KDO. après qu’il s’est avéré qu’elles étaient toutes deux entièrement juifs. » Les raisons réelles du différent entre autorités allemandes et les soeurs SERVOS sont ignorées. Il n’empêche que ce différent va provoquer une enquête de la part des autorités allemandes menant à la découverte de leurs origines juives.

CDJC, Memorial de la Shoah, XLIX-31

Elles sont transférées au camp de Drancy le 04 novembre 1943 sous les numéros 7680 et 7681 puis déportées le 20 novembre 1943 de la gare de Bobigny vers Auschwitz et ont été exterminées à une date inconnue.

Camilla, l’une des soeurs d’Alice et Jeanne, mariée avec Robert WEILLER, effectuera une demande de recherches auprès du Service Européen de Recherches pour tenter de retrouver traces de ses deux soeurs en 1946 sans succès. Robert avait accompagné sa demande de recherches pour son frère Léopold marié avec Florence née SALOMON et leurs deux enfants Margot, 14 ans, et Doris 11 ans déportés par le convoi 72 du 29 avril 1944 sans succès également.

WEILLER Léopold, Florence, Margot et Doris [Memorial de la Shoah, en ligne, https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=identifiant_origine:(FRMEMSH0408707140670)


Robert et Camilla habitent alors à Metz mais on trouve également une adresse de Robert aux Etats-Unis à New York aux versos des cartes d’internement de Drancy (PP = personne à prévenir) qui sont utilisés par le Ministère des Anciens Combattants pour garder contact au cas où les déportés rentreraient.
Un certificat de personnes non rentrées sera délivré en 1946 à Camilla et les actes d’état civil de décès seront établis en 2014 à La Baule, dernier domicile connu des deux soeurs.

Les deux soeurs sont présentes dans le Mémorial en ligne des déportés juifs du Luxembourg à cette adresse : https://www.memoshoah.lu/wpmsl/index.php/victimes-de-la-shoah-du-luxembourg-deportees-de-france-ou-decedees-en-france-avant-la-deportation/.

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